Alors qu’il était solidement installé en tête du Vendée Globe depuis une semaine, Charlie Dalin a vu son avance fondre comme neige au soleil ces dernières 24 heures. Le skipper de Apivia, qui s’apprête à pénétrer dans le Pacifique en doublant le cap Leeuwin au sud-ouest de l’Australie, ne compte plus que 178 milles d’avance sur son premier poursuivant Sébastien Simon. Une marge qui s’est réduite de 60 milles en l’espace d’une journée.
Une avarie qui redistribue les cartes
Si le leader mène toujours la danse en solitaire, il le doit surtout à la mésaventure vécue par Sébastien Simon dimanche. Le skippeur d’Arkéa Paprec a en effet été victime d’une avarie majeure sur son foil tribord, l’obligeant à ralentir considérablement son allure. Un coup dur qui profite à ses poursuivants immédiats, Yoann Richomme (Paprec Arkéa) et Thomas Ruyant (LinkedOut), revenus à moins de 500 milles.
C’est rageant mais il faut faire avec et trouver des solutions pour continuer à avancer vite malgré tout.
Sébastien Simon
Dalin espère éviter la tempête
De son côté, Charlie Dalin a pris la décision de s’éloigner de la zone d’exclusion antarctique pour éviter une dépression menaçante. Un choix qui lui fait perdre du terrain mais qui pourrait s’avérer payant à moyen terme s’il parvient à esquiver le plus gros de la tempête. Le Havrais devrait franchir le cap Leeuwin en milieu de semaine, avant de s’élancer pour un long périple en solitaire à travers le Pacifique.
Des conditions éprouvantes pour la flotte
Derrière ce quatuor de tête, les écarts se creusent avec le reste de la flotte qui affronte des conditions particulièrement difficiles dans les mers du sud. Tandis que certains comme Louis Burton ont déjà jeté l’éponge, d’autres s’accrochent dans des vents violents et une mer démontée. Une situation éprouvante physiquement et mentalement comme en témoigne Damien Seguin :
C’est incroyablement humide et froid, je passe mon temps trempé. Moralement c’est usant mais il faut tenir et continuer à se battre.
Damien Seguin
Vers un nouveau record ?
Alors qu’on approche de la mi-course, la question est désormais de savoir si le record d’Armel Le Cléac’h établi en 2016 (74 jours) pourra être battu. Si les conditions météo compliquées et les avaries en série compromettent pour l’instant les chances d’un chrono historique, rien n’est impossible pour cette nouvelle génération de bateaux « volants » toujours plus véloces. Les prochaines semaines s’annoncent en tout cas décisives pour départager les favoris dans ce Vendée Globe 2024 particulièrement indécis.
Les moments clés à venir
- Franchissement du cap Leeuwin par le leader en milieu de semaine
- Traversée du Pacifique avec des conditions potentiellement musclées
- Passage du cap Horn, porte d’entrée de l’Atlantique, mi-janvier
- Remontée le long des côtes de l’Amérique du Sud
- Dernière ligne droite dans l’Atlantique Nord fin janvier
Après plus d’un mois de mer, les organismes sont mis à rude épreuve et la moindre erreur peut coûter cher à ce stade de la course. Mais le jeu en vaut la chandelle pour ces marins d’exception, prêts à repousser leurs limites pour décrocher la victoire dans ce tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, l’Everest de la voile. Verdict d’ici quelques semaines aux Sables-d’Olonne !