Depuis 33 jours maintenant, les marins solitaires du Vendée Globe 2024 affrontent les mers les plus hostiles de la planète dans leur tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance. Et dans ce ballet d’acier et d’écume, un homme tire son épingle du jeu : Charlie Dalin.
Charlie Dalin, Toujours En Tête Malgré Une Avance Qui Fond
À 40 ans, ce marin aguerri originaire du Havre est actuellement en pole position de cette course mythique. Après avoir dominé l’Atlantique Sud et l’Océan Indien, Dalin vient tout juste de pénétrer dans le Pacifique au large de la Tasmanie.
Mais derrière lui, la meute de ses poursuivants ne lâche rien, à commencer par Sébastien Simon qui n’est plus qu’à un peu moins de 200 milles nautiques (370 km). Yoann Richomme suit également de près, à environ 260 milles (480 km).
Je vois bien que Yoann pousse fort derrière pour me rattraper coûte que coûte. Moi, je suis resté dans mon rythme, je le regarde faire, je fais ma trajectoire, ma course.
explique Sébastien Simon
Pour réduire la route et bénéficier de vents favorables, toute la flotte se faufile au plus près de la zone d’exclusion antarctique, royaume des icebergs et des conditions extrêmes. Un jeu dangereux mais nécessaire pour espérer l’emporter.
Cap Sur Le Horn, Le Record De Le Cléac’h En Ligne De Mire
Si la météo est clémente, Charlie Dalin pourrait atteindre le mythique Cap Horn, à la pointe de l’Amérique du Sud, autour du 26 décembre. Soit avec plusieurs jours d’avance sur le temps de référence établi par Armel Le Cléac’h lors de sa victoire en 2017.
Ce serait assez incroyable de traverser le Pacifique aussi vite qu’un Atlantique !
se réjouit d’avance Sébastien Simon
Mais attention, la course est encore longue et semée d’embûches. Les conditions changeantes et la fatigue accumulée peuvent rapidement redistribuer les cartes. D’autant que certains concurrents comme Simon ont déjà dû composer avec des avaries, notamment sur ses foils.
Les Foils, Arme Fatale Mais Talon d’Achille
Ces appendices profilés permettent aux bateaux de « voler » au-dessus de l’eau pour gagner en vitesse. Mais leur fragilité face aux chocs avec des objets flottants non identifiés (OFNI) en fait aussi le point faible de ces machines de course.
D’après une source proche de son équipe, Sébastien Simon aurait perdu son foil tribord tôt dans la course. Un handicap de taille face aux conditions musclées du Grand Sud.
Je n’ai pas l’impression que ça change fondamentalement les trajectoires, ça me ralentit juste un peu.
relativise malgré tout le skipper
Des Conditions Éprouvantes, Mentalement Et Physiquement
Dans ces latitudes hostiles où les dépressions se succèdent, les marins sont mis à rude épreuve. Confinés dans leur cockpit, ballotés par des mers démontées, ils puisent dans leurs ressources pour maintenir le cap et la cadence.
Isolement, fatigue, froid, humidité… Autant de facteurs qui usent les organismes et peuvent altérer la lucidité, pourtant essentielle pour naviguer au plus près des limites.
J’ai hâte de pouvoir sortir du cockpit un peu, prendre l’air, parce que ça fait quelques jours qu’on est enfermés là-dedans.
confie Sébastien Simon
Le Vendée Globe, Course De Tous Les Extrêmes
Au-delà d’une compétition sportive, le Vendée Globe est une véritable aventure humaine et technologique. Un défi hors-norme où les marins repoussent sans cesse leurs limites et celles de leurs machines.
En tête depuis plus d’un mois, Charlie Dalin incarne parfaitement cet esprit de persévérance et de dépassement de soi. Mais dans cette course où rien n’est jamais acquis, il lui faudra rester vigilant jusqu’au bout pour espérer triompher aux Sables d’Olonne.
Une chose est sûre : qu’ils franchissent la ligne d’arrivée en vainqueur ou modeste finisher, tous ces marins auront accompli un exploit sportif et humain hors du commun. Vivre le Vendée Globe de l’intérieur reste une expérience unique qui forge à jamais les esprits et les cœurs.