La tension monte sur les océans alors que le Vendée Globe, la plus prestigieuse course au large en solitaire, entre dans sa phase finale. Depuis plusieurs jours, deux skippers expérimentés, Yoann Richomme et Charlie Dalin, se livrent un duel acharné en tête de la flotte. Séparés par une poignée de milles nautiques, ils repoussent sans cesse leurs limites dans l’espoir de franchir en premier la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne.
Un mano a mano haletant
Depuis leur remontée de l’Atlantique Sud, Richomme et Dalin ne se quittent plus. Au pointage de vendredi matin, leurs voiliers ultramodernes, Paprec Arkéa et Macif Santé Prévoyance, ne sont distants que de 13 petits milles. Un écart infime après plus de 70 jours de mer et des dizaines de milliers de kilomètres parcourus.
Profitant de conditions météo plus clémentes, les deux hommes de tête ont pu accélérer, passant d’une moyenne de 6 nœuds jeudi à plus de 20 nœuds ce vendredi. Le sprint final est bel et bien lancé. Derrière, la bataille fait aussi rage pour la 3ème place du podium, avec Sébastien Simon qui tente un pari audacieux en passant à l’ouest des îles Malouines.
Des marins au sommet de leur art
Richomme comme Dalin ne sont pas des nouveaux venus dans l’univers de la course au large. Ils comptent à leur actif de nombreuses victoires et places d’honneur dans les plus grandes classiques, de la Solitaire du Figaro à la Transat Jacques Vabre. Leur duel au sommet est d’autant plus palpitant qu’il oppose deux philosophies, deux approches de la compétition.
Yoann est un marin très intuitif, qui navigue beaucoup au feeling. Charlie est plus méthodique, il prépare ses options à l’avance. Mais les deux ont un point commun : ils ne lâchent rien !
analyse un observateur averti du monde de la voile
Derniers jours décisifs
Si les écarts se réduisent encore, le moindre coup tactique, la moindre option météo pourrait faire la différence. Les deux skippers vont devoir puiser dans leurs dernières ressources physiques et mentales pour ne rien céder à l’adversaire. Car après avoir bravé les 40e rugissants, le Pot au Noir, les alizés capricieux, il serait rageant de tout perdre si près du but.
Ancien vainqueur du Vendée Globe, le navigateur Michel Desjoyeaux résume bien l’enjeu des prochains jours:
Le chemin du retour est souvent le plus dur. Il faut rester concentré à 100%, ne rien laisser au hasard. Yoann et Charlie le savent. La victoire se jouera sur des détails, mais aussi sur la gestion de la pression.
Michel Desjoyeaux, vainqueur du Vendée Globe 2000-2001 et 2008-2009
Un exploit sportif et humain
Quel que soit le vainqueur final, Richomme et Dalin auront marqué cette édition du Vendée Globe par leur trajectoire sans faute, leur maîtrise des éléments, leur ténacité à toute épreuve. En tête depuis des semaines, ils ont repoussé les assauts de leurs poursuivants, tout en se battant dans un duel à couteaux tirés.
Plus que les records de vitesse, c’est cet engagement total, ce dépassement permanent de soi qui forcent le respect et l’admiration. Pensons un instant à ces marins en solitaire, domptant les océans, loin de leurs proches, dans des conditions extrêmes. Leur exploit sportif est aussi un formidable message d’espoir et de résilience, qui résonne bien au-delà du monde de la voile.
Alors oui, vibrons avec Yoann Richomme et Charlie Dalin dans cette dernière ligne droite. Vibrons pour ces navigateurs intrépides, qui touchent au but d’une odyssée hors du commun. Et n’oublions pas tous ces marins anonymes qui, comme eux, affrontent l’immensité des mers pour repousser les limites du possible. Le Vendée Globe, c’est leur histoire à tous. Une magnifique histoire humaine et sportive.