Dans la quiétude de la forêt guyanaise, un grondement sourd s’apprête à déchirer le ciel étoilé. Vega C, la fusée italienne chargée des espoirs de l’Europe spatiale, se tient prête sur son pas de tir. Après deux longues années d’absence forcée suite à l’échec cuisant de son premier vol commercial fin 2022, l’heure de la rédemption a sonné. Ce mercredi 4 décembre, à 18h20 heure locale, la petite dernière de la famille des lanceurs européens doit prouver qu’elle a les épaules pour restaurer la souveraineté d’accès à l’espace du Vieux Continent. Un défi de taille, dont l’issue sera scrutée avec une attention toute particulière.
Un vol aux enjeux cruciaux pour l’Europe spatiale
Sur la coiffe de Vega C repose plus qu’un simple satellite. C’est un pan essentiel de l’autonomie stratégique européenne qui s’apprête à s’envoler vers les étoiles. Sentinel 1C, le passager de marque de ce vol, est en effet un maillon clé du vaste programme d’observation de la Terre Copernicus. Piloté par la Commission européenne, ce projet titanesque vise à fournir des données géospatiales fiables et actualisées aux décideurs du continent. De la surveillance du niveau des mers à la gestion des catastrophes naturelles en passant par le suivi des cultures agricoles, les informations collectées par Sentinel 1C et ses prédécesseurs s’avèrent indispensables au quotidien.
Mais au-delà de sa précieuse cargaison, c’est bien le fonctionnement même de Vega C qui focalisera tous les regards lors de ce vol. Car depuis l’échec de son lancement inaugural en décembre 2022 dû à une défaillance du moteur du second étage, la crédibilité du petit lanceur italo-européen a été sérieusement écornée. Un revers d’autant plus cinglant qu’il intervenait quelques mois à peine après le succès éclatant d’Ariane 6, son illustre grande sœur, partie à la conquête des étoiles depuis ce même pas de tir guyanais.
Vega C, un lanceur complémentaire indispensable
Conçu pour placer en orbite basse des satellites de taille petite à moyenne, Vega C est pourtant loin d’être un acteur secondaire dans le paysage spatial européen. Avec sa capacité d’emport de 2,3 tonnes, il s’inscrit en complémentarité d’Ariane 6, taillée pour propulser de lourdes charges vers l’orbite géostationnaire. Une partition savamment orchestrée qui doit permettre à l’Europe de couvrir l’ensemble de ses besoins en termes de lancements, des constellations de nanosatellites aux télécoms, en passant par les missions scientifiques ou d’observation.
D’où l’importance cruciale de ce vol pour Vega C et son constructeur italien Avio. En cas de succès, c’est un véritable retour en grâce qui se profile, avec la perspective de décrocher de nouveaux contrats et d’étoffer un carnet de commandes déjà bien fourni. De quoi envisager l’avenir avec sérénité. Mais en cas de nouvel échec, les répercussions pourraient s’avérer désastreuses, non seulement pour le lanceur transalpin mais aussi pour toute la stratégie spatiale de l’Union.
Un vol sous haute surveillance
Conscients des enjeux, les équipes d’Avio et d’Arianespace, l’opérateur des lancements à Kourou, n’ont rien laissé au hasard lors des préparatifs de cette mission. Chaque système, chaque composant de la fusée a été méticuleusement inspecté et testé pour s’assurer de sa fiabilité. Le moindre paramètre de vol a été passé au crible, analysé et réanalysé pour parer à toute éventualité. Car cette fois, le droit à l’erreur n’est pas permis.
Ce retour en service de Vega C, après le vol inaugural réussi d’Ariane 6 en juillet dernier, constitue un événement important pour le système de transport spatial européen et le rétablissement complet de notre accès à l’espace.
– D’après une source proche du dossier
Alors que le compte à rebours a débuté sur la base de lancement, toute l’Europe spatiale retient son souffle. Les prochaines 48 heures s’annoncent décisives pour l’avenir de Vega C et, au-delà, pour l’autonomie stratégique du Vieux Continent en matière d’accès à l’espace. Si la petite fusée italienne parvient à remplir sa mission avec succès, elle devrait rapidement retrouver sa place sur le pas de tir guyanais et enchaîner les lancements à un rythme soutenu. Dans le cas contraire, c’est toute l’industrie spatiale européenne qui pourrait vaciller sur ses bases. L’heure est donc à la concentration et à la minutie. En espérant que Vega C parvienne, en ce 4 décembre, à exorciser les démons du passé pour restaurer la souveraineté spatiale de l’Europe.