Alors que le spectre d’une poussée de l’extrême droite plane sur les élections européennes qui se tiendront du 6 au 9 juin, le Vatican a choisi d’élever la voix. Par la bouche du cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral, l’Église catholique a exhorté lundi les électeurs du Vieux Continent à se remémorer leurs propres origines. Un appel à la fraternité envers les migrants qui détonne en cette période de crispations identitaires.
« Se souvenir de ses racines migratoires »
« Il serait utile que les Européens se souviennent de leurs racines migratoires (…) C’est dommage qu’au bout d’une ou deux générations, une famille [les] oublie », a ainsi déclaré Mgr Czerny lors d’une conférence de presse. Ce jésuite né en Tchécoslovaquie a déploré que « souvent, la propagande ou l’idéologie » laissent à penser que les migrants fuient « pour le plaisir ou l’aventure ». Une contre-vérité selon lui.
Il est très important de comprendre ce que signifie être poussé par la réalité, par l’histoire, pour fuir.
Cardinal Michael Czerny
Reconnaître les migrants comme des « frères et sœurs »
Au-delà d’une compréhension des causes profondes des migrations, le haut responsable du Vatican a invité à reconnaître les exilés comme des « frères et sœurs ». Une manière selon lui de « changer complètement » de regard sur cet enjeu brûlant qui cristallise les tensions à l’approche du scrutin européen.
Face à ceux qui agitent le spectre d’une « crise migratoire mondiale », le cardinal canadien a appelé à raison garder. « Il est facile de dire : “La migration est une crise mondiale”. C’est faux et stupide mais cela fait peur », a-t-il mis en garde, pointant du doigt les campagnes de désinformation menées en ligne par certains mouvements nationalistes et eurosceptiques.
Le pape François, infatigable défenseur des réfugiés
Mgr Czerny s’exprimait à l’occasion de la présentation du message du pape François pour la prochaine Journée mondiale des migrants, le 29 septembre. Depuis son élection en 2013, le souverain pontife argentin n’a eu de cesse de plaider la cause des réfugiés, exhortant inlassablement à les accueillir avec dignité.
Dans son nouveau message, le pape de 86 ans appelle une fois encore à aider « ceux qui ont dû quitter leur terre à la recherche de conditions de vie décentes ». Un plaidoyer qui résonne avec une acuité particulière à l’heure où l’Europe s’apprête à se prononcer sur son destin. En se remémorant son passé de terre d’émigration, le Vieux Continent saura-t-il faire preuve de fraternité envers ceux qui frappent aujourd’hui à sa porte ? L’appel du Vatican est lancé.