Un vent d’euphorie souffle sur la Bretagne. Le Rugby Club Vannetais vient d’écrire la plus belle page de son histoire en décrochant son billet pour le Top 14, l’élite du rugby français. Une première pour un club breton, qui vient couronner un parcours aussi exemplaire que patient. Retour sur l’épopée du petit poucet morbihannais.
Une Montée Historique pour le Rugby Breton
Au coup de sifflet final de la finale de Pro D2 remportée face à Grenoble, les larmes de joie se sont mêlées à la fierté dans les tribunes de la Rabine. Les drapeaux noir et blanc, aux couleurs du “Gwenn ha Du”, ont flotté haut dans le ciel vannetais. Un symbole fort : la saison prochaine, la Bretagne sera représentée sur les plus belles pelouses de l’Hexagone, de Mayol à Michelin en passant par Chaban-Delmas.
Une consécration pour le RCV, qui devient le 26e club à accéder au Top 14 depuis la création du championnat en 1892. Mais aussi et surtout pour toute une région, qui attendait ce moment depuis des décennies. Car si le ballon ovale a toujours été populaire en terre bretonne, aucune équipe n’avait jusqu’ici réussi à se hisser dans la cour des grands. C’est désormais chose faite.
Le Fruit d’un Travail de Longue Haleine
Cette montée historique ne doit pourtant rien au hasard. Elle est l’aboutissement d’un projet mûrement réfléchi et patiemment construit depuis de longues années. Fondé en 1950 par des parachutistes expatriés, loin des bastions traditionnels du rugby, le RC Vannes a gravi les échelons un à un.
C’est un club qui avance marche après marche, pas après pas. Dix ans en Fédérale 3, dix ans en Fédérale 2, puis dix ans en Fédérale 1 avant le monde professionnel.
Olivier Cloarec, président du RCV
L’accession en Pro D2 en 2016 marque un tournant. Le budget est multiplié par trois, passant de 1,8 à 5 millions d’euros. De quoi affirmer de nouvelles ambitions, même si beaucoup prédisent alors aux Bretons un avenir compliqué à ce niveau. Mais le RCV ne se laisse pas impressionner et s’installe durablement en Pro D2.
Jean-Noël Spitzer, L’Architecte de la Réussite Vannetaise
Impossible d’évoquer ce succès sans mentionner celui qui en est l’artisan principal : Jean-Noël Spitzer. Entraîneur du RCV depuis 2005, quand le club évoluait encore en Fédérale 2, ce technicien discret et exigeant a su insuffler sa vision et sa philosophie de jeu au fil des années.
C’est l’homme fort du club, évidemment. Il est un peu à Vannes ce que Guy Novès a été à Toulouse.
Olivier Cloarec au sujet de son entraîneur
Une longévité et une fidélité rares à ce niveau, qui ont permis de bâtir un projet cohérent sur la durée. Car Spitzer n’est pas seulement un entraîneur, il est aussi un bâtisseur. Sous son impulsion, le RCV s’est doté d’infrastructures modernes dignes du haut niveau, à l’image de son centre d’entraînement flambant neuf.
Le Défi de la Découverte du Top 14
Maintenant que l’euphorie de la montée est retombée, place à la réalité du terrain. Et le défi s’annonce immense pour le promu vannetais. Car le top 14 est un autre monde, un univers à part avec ses stars, ses budgets XXL et son rythme infernal.
La marche est très haute par rapport à la Pro D2 et ce qu’on est capable de fournir chaque week-end.
Olivier Cloarec, lucide sur l’avenir
Pour exister à ce niveau, le RCV devra muscler son jeu mais aussi et surtout son budget, qui devrait avoisiner les 20 millions d’euros, soit quatre fois plus qu’actuellement. Un changement de dimension qui impliquera de dénicher de nouveaux partenaires, d’agrandir encore la Rabine et de renforcer l’effectif.
Autant de challenges excitants pour ce club pas comme les autres, qui a fait de la patience et du travail bien fait ses principaux atouts. Nul doute que les Bretons les mettront une nouvelle fois à profit pour tenter de s’installer durablement dans l’élite. Et continuer à écrire leur légende.
