Imaginez-vous vous réveiller un samedi matin de fin novembre, impatient de profiter de l’ambiance chaleureuse des illuminations de Noël, et découvrir que tout a été saccagé en quelques heures. C’est exactement ce qui est arrivé aux habitants de Bar-sur-Aube, petite commune de l’Aube, le 29 novembre dernier. Une nuit a suffi pour transformer la magie des fêtes en cauchemar collectif.
Une place ravagée au cœur de la ville
Vers quatre heures du matin, un individu seul a semé la désolation sur la place de l’Hôtel de Ville et les espaces alentour. Les décorations fraîchement installées, qui faisaient la fierté des habitants, gisaient au sol : guirlandes lumineuses arrachées, éléments du grand sapin de Noël abîmés, barnums retournés comme de simples jouets. Même le kiosque à livres, symbole de partage et de culture, n’a pas été épargné.
Le vandalisme ne s’est pas arrêté là. Les « Pinot Solex », ces vélos en libre-service mis en place en janvier pour faciliter les déplacements doux dans la ville, ont été particulièrement visés. Sept d’entre eux, stationnés place Carnot, ont été littéralement arrachés de leurs supports. Un spectacle désolant qui a choqué les premiers témoins matinaux.
Un coût exorbitant pour une petite commune
Le maire, Philippe Borde, a rapidement évalué les dégâts. Près de 10 000 euros pour les seules illuminations de Noël, et environ 50 000 euros pour les vélos détruits. Au total, plus de 60 000 euros partis en fumée en une seule nuit. Et encore, ce chiffre ne prend pas en compte les centaines d’heures de travail bénévoles et salariées nécessaires à l’installation de ces décorations.
Pour une commune de moins de 5 000 habitants, une telle somme représente un coup dur. Cet argent aurait pu servir à d’autres projets : réfection de voiries, activités pour la jeunesse, aide aux associations. Au lieu de cela, il faudra puiser dans les réserves pour réparer les dégâts et, peut-être, renforcer la sécurité.
« C’est décourageant pour les agents qui ne travaillent pas le samedi, mais heureusement on a la chance d’avoir des agents réactifs »
Philippe Borde, maire de Bar-sur-Aube
Une mobilisation exemplaire des agents municipaux
Dès six heures du matin, soit à peine deux heures après les faits, une dizaine d’agents municipaux volontaires étaient déjà sur place. Sans attendre le lundi, ils ont retroussé leurs manches pour remettre la place en état avant le week-end. Un bel exemple de dévouement qui a permis de limiter la durée du spectacle affligeant pour les habitants.
Cette réactivité a été saluée par l’ensemble de la population. Dans les petites villes, le lien entre élus, agents et citoyens reste fort, et ce genre d’élan collectif rappelle que la solidarité existe encore, même face à la bêtise.
Un suspect rapidement interpellé
La gendarmerie de Bar-sur-Aube a réagi avec la même efficacité. L’individu a été interpellé vers quatre heures du matin, alors qu’il était manifestement en état d’ivresse. Placé d’abord en cellule de dégrisement, il a ensuite été transféré en garde à vue pour la suite des investigations.
L’alcool semble avoir joué un rôle déterminant dans cet accès de violence gratuite. Un phénomène malheureusement récurrent : sous l’emprise de l’alcool, certains perdent tout contrôle et commettent des actes qu’ils regretteront (ou pas) le lendemain. Reste à savoir si cet homme agissait seul ou s’il était accompagné, et surtout quelles seront les suites judiciaires.
Quand l’ivresse devient destructrice
Cet événement soulève une fois de plus la question de la consommation excessive d’alcool dans l’espace public. Dans de nombreuses petites villes françaises, les soirées du vendredi ou du samedi se terminent parfois mal pour les équipements collectifs. Poubelles incendiées, panneaux arrachés, mobilier urbain détérioré… le catalogue des incivilités liées à l’alcool est long.
À Bar-sur-Aube, cet épisode est d’autant plus douloureux qu’il intervient au moment où la municipalité met tout en œuvre pour rendre le centre-ville attractif : illuminations soignées, vélos en libre-service, animations de Noël. Autant d’efforts réduits à néant par un individu incapable de se maîtriser.
Les vélos en libre-service, cibles récurrentes
Les « Pinot Solex » représentaient un vrai progrès pour la commune. Lancés en janvier, ces vélos électriques en free-floating permettaient de se déplacer facilement d’un bout à l’autre de la ville sans voiture. Moins de pollution, plus de fluidité, un vrai plus pour les habitants et les touristes.
Malheureusement, les systèmes de vélos en libre-service sont souvent les premières victimes du vandalisme dans les villes françaises, grandes ou petites. À Strasbourg, Lyon, Paris ou dans des communes plus modestes, les scènes de vélos jetés dans les rivières ou brisés sont légion. Le coût de remplacement et d’entretien finit par peser lourdement sur les finances publiques.
À Bar-sur-Aube, la destruction de sept vélos risque de remettre en question la pérennité du service. Faudra-t-il installer des caméras partout ? Renforcer les fixations ? Ou tout simplement abandonner l’idée face à la minorité qui gâche tout ?
Noël abîmé : un symbole fort
Au-delà du coût financier, c’est le symbole qui choque. Les décorations de Noël, c’est la période où une commune sort le grand jeu pour créer de la magie, particulièrement pour les enfants. Voir ces efforts détruits en une nuit laisse un goût amer.
Dans beaucoup de familles, la découverte des illuminations fait partie des rituels de décembre. Les photos devant le sapin, les promenades du soir en famille… Tout cela a été compromis par un acte gratuit. Heureusement, grâce à la réactivité des agents, la place a pu retrouver un visage presque normal pour le week-end.
Une colère légitime des habitants
Sur les réseaux sociaux locaux et dans les discussions de quartier, la colère domine. Comment accepter qu’un seul individu puisse causer autant de dégâts impunément ? Beaucoup demandent une sanction exemplaire, d’autres appellent à une réflexion plus large sur la prévention et la vidéosurveillance.
Certains pointent aussi du doigt le sentiment d’impunité qui règne parfois. Quand on sait que les cellules de dégrisement et les gardes à vue se terminent souvent par un simple rappel à la loi, difficile de ne pas être amer.
Et maintenant ?
La municipalité va devoir tirer les leçons de cet épisode. Renforcer la surveillance la nuit ? Installer des systèmes de vidéosurveillance plus performants ? Sensibiliser davantage les jeunes à la consommation d’alcool ? Les pistes sont nombreuses.
En attendant, les agents municipaux et les élus peuvent être fiers de leur réaction. En quelques heures, ils ont montré que la bêtise d’un seul ne devait pas avoir le dernier mot. La magie de Noël, même abîmée, peut renaître grâce à la solidarité et au travail collectif.
Espérons que cet événement servira d’électrochoc et que les fêtes de fin d’année, à Bar-sur-Aube comme ailleurs, pourront se dérouler dans la sérénité. Parce qu’au fond, c’est cela aussi, vivre ensemble : protéger ce que l’on construit à plusieurs des caprices de quelques-uns.
En résumé :
– Plus de 60 000 € de dégâts en une nuit
– Décorations de Noël et 7 vélos en libre-service détruits
– Un individu ivre interpellé et placé en garde à vue
– Mobilisation exemplaire des agents municipaux dès 6h du matin
– Un coup dur symbolique et financier pour la commune
Cet épisode, aussi triste soit-il, rappelle une chose essentielle : les biens communs appartiennent à tous, et les détruire, c’est se détruire un peu soi-même. Souhaitons à Bar-sur-Aube de retrouver rapidement sa quiétude et sa joie de vivre.









