En coulisses, les stratégies s’affinent. Nous sommes en octobre 2023, au cœur de la rentrée de Renaissance, le parti présidentiel. Stéphane Séjourné, pressenti pour mener la liste, s’interroge. Et si la surprise venait d’ailleurs ? Le nom de Valérie Hayer, eurodéputée de 37 ans inconnue du grand public, s’invite dans les discussions. « C’est pas bête », lâche Séjourné à son porte-parole. Le destin bascule.
Une figure providentielle pour Renaissance ?
Valérie Hayer incarne le profil idéal selon ses soutiens : consensuelle, expérimentée à Bruxelles et surtout, apte à porter la contradiction face à Jordan Bardella, tête de liste du RN. Un atout de taille dans une campagne qui s’annonce musclée. Renaissance mise sur son expertise européenne pour contrer les critiques et imposer ses thèmes.
Il faut une figure qui ne mobilise pas les oppositions contre elle, qui fasse autorité dans la majorité et qui soit en capacité d’aller tacler Bardella.
– Valérie Hayer en octobre dernier
Mais sa nomination ne fait pas l’unanimité. Certains macronistes craignent un manque de notoriété et un effacement derrière les ténors nationaux. Les proches d’Édouard Philippe s’agacent d’une eurodéputée jugée trop “techno” et peu ancrée politiquement. Renaissance s’arc-boute et impose son choix, non sans tensions.
Une campagne entre défis européens et enjeux nationaux
Pour Valérie Hayer, l’enjeu est double : porter un projet ambitieux pour l’Europe tout en réussissant l’examen de passage national. Dans un contexte de fortes turbulences à Bruxelles, entre Brexit et montée des populismes, elle doit rassurer sur la solidité du projet européen. Mais aussi impacter le débat hexagonal, électrisé par la réforme des retraites et les tensions sociales.
Pendant des mois, elle sillonne le pays, enchaîne les déplacements et les prises de parole. Un rythme effréné pour cette novice en politique nationale. Son entourage salue son engagement sans faille, dans un climat parfois hostile. Mais sa campagne, jugée terne par certains, peine à décoller dans les sondages.
L’heure de vérité dans les urnes
À l’approche du scrutin du 9 juin, Renaissance se prépare à un score en demi-teinte. La faute à une campagne brouillonne ? Certains, en interne, le pensent. Mais Valérie Hayer refuse tout procès en incompétence. « On a mené une campagne digne et combative, dans un contexte difficile », assume-t-elle en petit comité.
Verdict final ce dimanche soir. Avec un double enjeu pour Valérie Hayer : réussir son baptême électoral national et éviter un revers cinglant pour la majorité. Les résultats seront scrutés de près, et nourriront à coup sûr les spéculations sur l’après. Pour l’eurodéputée, c’est un crash-test grandeur nature. Qui débouchera, peut-être, sur un nouvel horizon politique.
