ActualitésInternational

Vague d’enlèvements au Kenya : La colère monte

Le Kenya est secoué par une nouvelle vague d'enlèvements visant de jeunes critiques du pouvoir. Défenseurs des droits humains, politiciens et avocats expriment leur vive inquiétude. Une unité secrète issue des forces de sécurité serait impliquée selon certaines accusations. Les manifestations se multiplient et la colère monte face à ces disparitions qui...

Une inquiétante vague d’enlèvements déferle actuellement sur le Kenya, visant principalement de jeunes critiques du pouvoir en place. Cette situation alarmante a poussé défenseurs des droits humains, politiciens et avocats à exprimer publiquement leurs vives préoccupations ces derniers jours.

Tout a commencé il y a environ une semaine, lorsque l’influenceur de 24 ans Billy Mwangi a été porté disparu dans la localité d’Embu, au sud-est de la capitale Nairobi. Sa disparition est survenue peu après qu’il ait posté une photo controversée du président William Ruto, générée par intelligence artificielle, le montrant allongé dans un cercueil. Cet enlèvement a déclenché une manifestation rassemblant plusieurs dizaines de personnes à Embu, réclamant que la lumière soit faite.

Une unité secrète pointée du doigt

Mais le cas de Billy Mwangi est loin d’être isolé. Selon Human Rights Watch, les forces de sécurité kényanes seraient impliquées dans des dizaines de disparitions, en représailles aux manifestations anti-gouvernementales qui ont secoué le pays en juin et juillet dernier. L’ONG affirme que ses recherches désignent une unité spéciale issue de plusieurs agences de sécurité comme responsable de ces enlèvements.

Cette thèse est appuyée par l’ancien vice-président Rigathi Gachagua, limogé en octobre suite à des désaccords avec le président Ruto au sujet de la gestion des manifestations. Lors d’une conférence de presse vendredi, il a déclaré sans ambages qu’une « unité secrète était derrière les disparitions ». « Enlever ces enfants et les tuer n’est pas une solution », a-t-il martelé, ajoutant que « c’est la première administration dans l’histoire de ce pays à cibler les enfants ».

La police nie, les avocats s’indignent

Face à ces accusations, la police kényane a nié toute implication, sans pour autant fournir de détails sur les responsables présumés de ces disparitions. Cette réponse a suscité l’indignation des militants des droits humains. Faith Odhiambo, présidente de la Law Society of Kenya (principale association d’avocats du pays), a déploré que « l’inspecteur général de la police se contente de nier toute implication sans décrire explicitement les mesures prises pour remédier à ces violations flagrantes ». Elle estime que si la police n’est effectivement pas complice, « il lui incombe d’enquêter et de poursuivre les responsables ».

Un lourd bilan et des zones d’ombre

Selon la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR), sur les sept cas d’enlèvements signalés en décembre 2024, « six sont toujours portés disparus ». Au total, depuis juin, la KNCHR a recensé 82 disparitions, dont 29 personnes restent introuvables à ce jour.

Pour rappel, les manifestations qui ont secoué le Kenya cet été, faisant plus de 60 morts selon des ONG, avaient été déclenchées par un projet controversé d’augmentation des impôts. Si les rassemblements de grande ampleur ont cessé, la colère contre le gouvernement reste vive, alimentée par la crise du coût de la vie et les allégations persistantes de violences commises par les forces de sécurité.

Face à cette situation explosive, les regards sont désormais tournés vers les autorités kényanes. Vont-elles faire la lumière sur ces disparitions inquiétantes et traduire les responsables en justice? C’est tout l’enjeu des prochaines semaines pour apaiser les tensions et restaurer la confiance envers les institutions du pays. Car sans réponse claire et actions concrètes, le spectre de nouvelles manifestations et d’une aggravation de la crise plane sur le Kenya.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.