Une série de cas de violences policières dans l’État de Sao Paulo, le plus peuplé du Brésil, a provoqué un tollé et mis sur la sellette le gouverneur Tarcisio de Freitas, allié de l’ex-président Jair Bolsonaro. Les images choquantes de bavures à répétition ont fait le tour des réseaux sociaux, plaçant les autorités dans une position délicate.
Des vidéos glaçantes devenues virales
Tout a commencé avec la publication d’une vidéo montrant un policier militaire jetant un homme du haut d’un pont. La victime, qui a miraculeusement survécu selon son père, a atterri la tête la première dans la rivière en contrebas. Face au scandale, l’agent a été arrêté et sera expulsé des forces de l’ordre, a promis le gouverneur.
Mais d’autres images toutes aussi glaçantes ont rapidement émergé. Début novembre, un policier en congé a été filmé en train de tirer 11 balles dans le dos d’un jeune homme noir qui avait dérobé des produits d’entretien. Deux semaines plus tard, une caméra de surveillance a capturé un autre agent abattant froidement un étudiant d’une balle dans l’abdomen.
Le gouverneur contraint à un mea culpa
Devant l’ampleur du scandale, Tarcisio de Freitas n’a eu d’autre choix que de reconnaître publiquement les dysfonctionnements. Lors d’une conférence de presse, celui qui est pressenti comme un présidentiable pour 2026 a admis avoir eu « une vision totalement erronée » en s’opposant à l’usage de caméras-piétons par les forces de l’ordre. Un revirement notable pour cet ancien ministre de Jair Bolsonaro.
La population afro-brésilienne en première ligne
Les statistiques officielles font froid dans le dos. Au moins 580 personnes ont été tuées lors d’interventions policières dans l’État de Sao Paulo entre janvier et septembre, soit une hausse de 55% sur un an. Et comme ailleurs au Brésil, cette violence touche en priorité les Afro-Brésiliens. D’après l’institut Sou da Paz, le nombre de Noirs tués par la police a bondi de 83% sur les huit premiers mois de l’année, contre +59% pour les Blancs.
Le gouverneur s’est longtemps défendu en faisant valoir que la criminalité avait chuté durant son mandat, commencé en janvier 2023.
Mais ces arguments peinent désormais à convaincre. En mars dernier, lorsque des ONG avaient dénoncé les brutalités policières auprès de l’ONU, Tarcisio de Freitas avait balayé les critiques d’un lapidaire « je m’en fiche ». Une position difficilement tenable aujourd’hui, alors que l’indignation ne cesse de monter dans le pays.
Reste à savoir si ce mea culpa suffira à apaiser les esprits et à enrayer l’escalade de la violence. Car au-delà du cas de Sao Paulo, c’est tout le Brésil qui semble gangréné par les dérives sécuritaires. Un héritage empoisonné de l’ère Bolsonaro, qui risque de peser lourd sur la prochaine élection présidentielle.