Alors que la campagne de vaccination contre le Covid-19 bat son plein en France, force est de constater que celle-ci peine à atteindre les plus jeunes. En effet, d’après une étude publiée mardi par Santé publique France, seul un enfant sur 20 âgé de 5 à 11 ans a reçu au moins une dose de vaccin entre janvier 2021 et novembre 2023. Un taux bien en deçà de ceux observés chez nos voisins italiens ou américains sur la même période, qui atteignaient respectivement 38% et 24%.
Des disparités régionales et sociales alarmantes
Au-delà du faible taux global, cette étude de Santé publique France, qui a analysé les données de plus de 320 000 enfants, met en lumière de fortes disparités dans la couverture vaccinale selon le lieu de résidence et le milieu social. Ainsi, les régions du Sud-Est comme Provence-Alpes-Côte d’Azur (2,7%) et Occitanie (3,7%) affichent des taux parmi les plus bas de France, tandis que l’Ouest tire mieux son épingle du jeu avec 7,8% en Normandie et en Bretagne, un contraste qui pourrait refléter le statut vaccinal des parents selon les chercheurs.
Mais c’est surtout le gradient social qui interpelle. Les enfants issus de familles défavorisées ou résidant dans des zones à faible niveau économique apparaissent nettement moins vaccinés que les autres. Un constat qui fait écho aux inégalités déjà observées pendant la pandémie en termes de risque d’infection et d’accès aux tests.
Une couverture inquiétante chez les enfants à risque
Plus préoccupant encore, même chez les enfants présentant des comorbidités et donc un risque accru de forme grave de Covid-19, pour qui le vaccin représente pourtant un enjeu crucial, le taux de vaccination s’avère très insuffisant. Seul un enfant à risque sur 13 dans la tranche d’âge 5-11 ans a reçu une injection selon l’étude, signe d’un « échec de la stratégie vaccinale » dans cette population particulièrement vulnérable.
Formes graves rares chez l’enfant : un frein à la vaccination ?
Pour tenter d’expliquer cette faible adhésion des familles, les auteurs évoquent notamment la rareté des formes sévères de Covid-19 chez les enfants sans comorbidités. Une réalité qui a pu atténuer l’urgence ressentie de les faire vacciner, en dépit des bénéfices attendus en termes de transmission.
Ces chiffres confortent la nécessité d’efforts supplémentaires de sensibilisation et d’information des familles sur la vaccination, particulièrement chez les enfants provenant de milieux défavorisés et souffrant de maladies chroniques afin d’améliorer la confiance dans les vaccins.
Extrait de l’étude de Santé publique France
Renforcer la confiance et lever les freins
Face à ce constat, Santé publique France plaide pour intensifier les efforts de sensibilisation et d’information afin de restaurer la confiance dans la vaccination, en particulier au sein des populations les plus précaires et vulnérables. Un défi de taille après des mois de controverse autour des vaccins Covid, mais un enjeu essentiel pour protéger l’ensemble des enfants et maintenir des taux de couverture élevés à l’échelle de la population.
Car au-delà des formes graves, limiter la circulation virale chez les plus jeunes contribue à protéger les personnes fragiles de leur entourage et à atténuer l’impact des vagues épidémiques. Un nouvel appel à la solidarité collective et à la responsabilité de chacun, pour surmonter les réticences et faire de la vaccination des enfants une priorité de santé publique.