L’élargissement de l’Union Européenne aux Balkans occidentaux, un dossier au cœur des préoccupations européennes depuis deux décennies, semble enfin retrouver un nouveau souffle. C’est dans ce contexte qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, entame ce mercredi une tournée des six pays candidats de la région. Un signal fort de l’engagement renouvelé de l’UE.
Un Retour en Grâce de l’Élargissement
Selon les experts, cette quatrième visite de Mme von der Leyen dans les Balkans témoigne d’un regain d’intérêt pour l’élargissement au plus haut niveau européen. Un engagement sans précédent ces dernières années.
Qu’elle y aille si tôt dans son second mandat, et qu’elle y aille régulièrement, est un geste politique important en ce qu’il montre son intérêt et son engagement.
Heather Grabbe, chercheuse et membre du groupe de réflexion Bruegel
Cette dynamique contraste avec l’attitude des présidences précédentes, beaucoup plus circonspectes sur le sujet. Mais l’invasion russe de l’Ukraine semble avoir changé la donne, « redynamisant » un processus à l’arrêt.
Des Réformes Attendues
Pour les six pays candidats – l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro et la Serbie – cette visite sera l’occasion de montrer leur volonté d’engager les réformes nécessaires en vue d’une adhésion. Des années d’attente qui ont mis à mal le soutien populaire et la détermination politique dans certains pays.
Un Plan de Croissance Ambitieux
Pour accompagner ce processus et contrer les influences chinoise et russe dans la région, l’UE a dévoilé en novembre 2023 un plan de croissance de 6 milliards d’euros. Objectif : doubler les capacités économiques des Balkans occidentaux. Mais les financements seront conditionnés à la mise en œuvre effective des réformes, notamment en matière de politique étrangère et de sécurité commune.
L’Épineuse Question de l’Alignement Diplomatique
L’alignement diplomatique exigé sera sans doute au cœur des discussions, en particulier avec la Serbie. Belgrade n’a en effet jamais appliqué de sanctions contre Moscou, son président Aleksandar Vucic remerciant encore récemment Vladimir Poutine pour les livraisons de gaz. Un positionnement ambigu qui suscite des interrogations.
Ce qu’elle va dire, ce qu’elle va faire en Serbie, sera observé, parce qu’elle a pu être critiquée – comme d’autres responsables européens d’ailleurs, pour ne pas avoir dit suffisamment clairement à M. Vucic quelles étaient les limites, ce que l’UE pouvait ou non accepter en termes de politiques illibérales.
Luka Macek, à la tête du Centre Grande Europe de l’Institut Jacques Delors
Un Calendrier Encore Incertain
La question du calendrier d’adhésion, autre point sensible, pourrait également être abordée. Certains pays candidats depuis 20 ans s’impatientent. Mais une adhésion totale avant 2030 semble peu probable. L’objectif serait plutôt de clôturer les négociations avec certains pays comme le Monténégro d’ici la fin du mandat de la Commission.
Cette tournée marque donc un tournant dans les relations entre l’UE et les Balkans occidentaux. L’élargissement, longtemps en sourdine, revient sur le devant de la scène. Mais le chemin sera encore long et semé d’embûches. Aux pays candidats de montrer leur détermination à avancer sur la voie des réformes et de l’intégration européenne.