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Une ville ukrainienne rayée de la carte par les combats

Vovtchansk, petite ville ukrainienne proche de la frontière russe, n'est plus que ruines après d'intenses bombardements. Ses habitants racontent leur calvaire et leur exode forcé, laissant derrière eux leur vie d'avant, dans une ville désormais méconnaissable.

Au nord-est de l’Ukraine, à seulement 5 km de la frontière russe, se trouve ce qu’il reste de Vovtchansk. Cette petite ville, qui comptait environ 20 000 habitants avant la guerre, a été la cible de bombardements d’une rare intensité depuis le 10 mai dernier. Aujourd’hui, 90% de son centre-ville est rasé.

Une offensive dévastatrice

Le 10 mai 2024, les forces russes ont lancé un assaut massif sur Vovtchansk, mobilisant plusieurs milliers de soldats selon Kiev. La ville, mal défendue, s’est retrouvée en première ligne. Les habitants ont basculé dans l’enfer des combats.

Des immeubles entiers détruits

D’après une analyse d’images satellites réalisée par Bellingcat, 60% de Vovtchansk était totalement détruit et 18% partiellement fin septembre 2024. Le centre-ville, au nord de la rivière Vovtcha, a été particulièrement touché. Immeuble après immeuble, c’est quasiment toute une ville qui a été rayée de la carte en quelques semaines.

La ville était belle. Les gens étaient beaux. Nous avions tout. Personne n’aurait pu imaginer qu’en seulement cinq jours, nous serions rayés de la surface de la terre.

Nelia Stryjakova, ex-bibliothécaire de Vovtchansk

L’exode des habitants

Pris entre deux feux, les 4 000 civils qui étaient restés à Vovtchansk ont dû fuir dans des conditions dramatiques. Beaucoup ont trouvé refuge à Kharkiv, à 68 km au sud-ouest. Certains racontent avoir marché pendant des kilomètres sous les tirs, avant d’être secourus par des volontaires ukrainiens.

Nous étions juste sur la ligne de front, vous comprenez ? Personne ne pouvait venir nous sortir de là. Tous les bâtiments ont brûlé et nous sommes descendus dans une cave.

Viktor Jarov, 65 ans, ex-habitant de Vovtchansk

Des familles déchirées

À Vovtchansk, avant 2014, Russes et Ukrainiens se côtoyaient au quotidien. Plus de la moitié des familles de l’est de l’Ukraine ont des proches en Russie. Aujourd’hui, beaucoup se retrouvent dans des camps opposés, comme Kira Djafarova, médecin à Kharkiv, et son frère resté à Belgorod, en Russie.

Il y a beaucoup de familles mélangées. Parents, enfants, nous sommes tous liés. Et maintenant nous sommes devenus des ennemis.

Nelia Stryjakova, ex-bibliothécaire

Un lourd bilan humain

Si le nombre exact de victimes civiles reste incertain, les témoignages font état de dizaines de morts. Parmi eux, Volodymyr Zymovsky, 70 ans, abattu par un tireur embusqué russe alors qu’il tentait de fuir en voiture avec sa famille. Sa femme Raïssa espère pouvoir un jour lui offrir une sépulture digne.

Une ville méconnaissable

Aujourd’hui, les forces ukrainiennes ont repris le contrôle de Vovtchansk. Mais de la ville d’avant-guerre, il ne reste quasiment rien. L’usine, les écoles, la bibliothèque, l’hôpital… Tout a été détruit ou gravement endommagé. Seuls quelques irréductibles y vivent encore, au milieu des ruines.

Nous contrôlons aujourd’hui la cité, mais ce que nous contrôlons est un tas de ruines.

Lieutenant Denys Yaroslavsky, 57e brigade ukrainienne

Vovtchansk est devenue le symbole d’une guerre qui ravage l’Ukraine depuis plus de deux ans, détruisant des vies, des familles et des villes entières. Ses habitants, eux, espèrent un jour pouvoir reconstruire et retrouver un semblant de normalité. Mais les blessures, tant physiques que psychologiques, mettront du temps à cicatriser.

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