Face à la crise aiguë du logement qui frappe le Royaume-Uni, un urbaniste britannique propose une solution pour le moins originale : construire une ville flottante sur la Tamise, à l’est de Londres. Entre ambition démesurée et défis titanesques, ce projet futuriste questionne sur l’avenir urbain de la capitale britannique.
Un chapelet d’îles artificielles pour loger les Londoniens
Ian Mulcahey, consultant du cabinet d’architecture Gensler, imagine une cité de la taille de Londres bâtie sur un archipel d’îles artificielles, à 70 km à l’est de la métropole. Reliée par un train rapide, cette ville sur l’eau prendrait la forme d’un “Manhattan londonien”, avec une densité urbaine similaire à Paris ou Barcelone.
C’est là que la demande et l’emploi sont les plus élevés, et c’est pourquoi la viabilité est probablement la plus grande.
– Ian Mulcahey, consultant en urbanisme chez Gensler
Le lit peu profond de l’estuaire faciliterait l’installation de cette cité aquatique, à l’image des polders créés depuis des années par les Néerlandais. L’idée séduit à l’heure où le gouvernement britannique peine à endiguer la pénurie de logements, décrite comme la “plus aiguë de mémoire d’homme”.
Un projet visionnaire non sans écueils
Si l’ambition urbanistique est là, les obstacles à ce projet pharaonique restent nombreux. Outre son coût faramineux, l’impact environnemental d’une telle construction interroge, dans une zone abritant des réserves naturelles prisées des oiseaux migrateurs.
La montée du niveau des océans constitue une autre menace de taille. À horizon 2100, certaines parties de l’estuaire pourraient connaître une élévation des eaux jusqu’à un demi-mètre. Sans oublier l’adhésion nécessaire des pouvoirs publics et des investisseurs pour que cette cité futuriste voie le jour.
Des villes flottantes, le graal urbain de demain ?
Malgré ces freins, l’idée d’étendre les villes sur l’eau suscite un intérêt grandissant à travers le monde. Des projets similaires ont vu le jour à Helsinki, aux Maldives ou encore en Polynésie. Face à la congestion des mégalopoles et à la raréfaction du foncier, ces cités flottantes dessinent un futur urbain alternatif.
Modulables, durables et résilientes, elles réinventent notre manière de construire et d’habiter la ville. Si leur développement ne fait que commencer, ces îles urbaines iconoclastes pourraient, à terme, révolutionner le paysage de nos métropoles. À condition de trouver un équilibre entre prouesse architecturale et respect des écosystèmes.
Dans une planète toujours plus urbanisée, les villes flottantes ouvrent le champ des possibles pour repenser la cité de demain.
– Amelia Smith, experte en prospective urbaine
Les projets comme celui de la Tamise ont ainsi valeur de test. Leur éventuel succès sera scruté par de nombreuses mégapoles à travers le monde, confrontées à une congestion croissante. Une chose est sûre : la quête d’espace des grandes villes les poussera à explorer des territoires toujours plus innovants. Quitte à prendre le large.