Un énième cas de trafic d’enfants vient d’être jugé en Chine, provoquant stupeur et indignation dans tout le pays. Yu Huaying, une femme de 60 ans, a été condamnée à mort pour avoir vendu au moins 17 enfants dans les années 1990. Une peine capitale qui témoigne de la gravité des faits et de la volonté des autorités de sévir face à ce fléau.
Une affaire retentissante révélée par une victime
C’est le témoignage poignant de Yang Niuhua, une des victimes de Yu Huaying, qui a mis le feu aux poudres. Vendue à l’âge de 5 ans pour moins de 500 dollars, elle a raconté sur les réseaux sociaux son parcours du combattant pour retrouver sa famille biologique. Son histoire a ému et révolté de nombreux internautes, mettant en lumière l’ampleur de ce trafic d’êtres humains.
L’enquête a révélé que Yu Huaying enlevait généralement les enfants dans le sud-ouest de la Chine pour les revendre à des centaines de kilomètres au nord. Un véritable réseau, avec des intermédiaires, qui a permis de faire main basse sur au moins 17 enfants, dont le propre fils de la trafiquante, vendu il y a plusieurs décennies pour des raisons financières.
Cette décision est définitive, et Yu Huaying ne pourra plus faire appel. L’affaire sera maintenant soumise à la Cour populaire suprême pour examen avant d’entrer dans la phase d’exécution.
– D’après une source proche du dossier
Un phénomène amplifié par la politique de l’enfant unique
Si le trafic d’enfants existe depuis longtemps en Chine, il a été exacerbé par la politique de l’enfant unique, en vigueur de 1979 à 2015. Cette mesure draconienne, visant à contrôler la croissance démographique, a conduit de nombreuses familles à abandonner ou vendre leurs filles, en raison d’une préférence traditionnelle pour les garçons. Bien que cette politique ait été assouplie ces dernières années, autorisant deux puis trois enfants par couple, ses conséquences se font encore sentir.
La Chine, championne de la peine de mort
En condamnant Yu Huaying à la peine capitale, la Chine envoie un message fort. Mais cette sentence met aussi en lumière une réalité dérangeante : le pays est celui qui exécute le plus de condamnés chaque année dans le monde, devant l’Iran et l’Arabie Saoudite, selon Amnesty International. Les statistiques exactes restent un secret d’État, mais il ne fait aucun doute que la peine de mort est utilisée de manière extensive.
Combien d’autres cas dans l’ombre ?
Si le cas de Yu Huaying a fait les gros titres, combien d’autres trafics d’enfants restent dans l’ombre ? Malgré les efforts des autorités pour endiguer ce fléau, de nombreux experts estiment que le phénomène est encore sous-estimé. Les zones rurales pauvres sont particulièrement touchées, avec des familles prêtes à tout pour survivre, quitte à vendre leur progéniture.
Cette affaire tragique est un rappel brutal de la réalité du trafic d’êtres humains en Chine. Si la condamnation à mort de Yu Huaying se veut dissuasive, elle ne suffira pas à elle seule à éradiquer ce fléau. C’est tout un système qu’il faut revoir, en s’attaquant aux racines du mal : la pauvreté, les inégalités et les traditions archaïques qui placent encore les filles au second plan. Un immense défi pour le géant asiatique, qui se doit de protéger ses enfants, son bien le plus précieux.