Le Pérou est secoué par un nouveau scandale politico-judiciaire qui jette une ombre sur l’indépendance de la justice. Patricia Benavides, procureure générale du pays, vient d’être destituée pour des faits présumés de trafic d’influence et de favoritisme familial. Une affaire aux ramifications complexes qui met en lumière les zones d’ombre du système judiciaire péruvien.
La procureure générale dans la tourmente
Patricia Benavides, nommée en 2021 pour un mandat de 3 ans, était chargée de superviser les enquêtes pénales au plus haut niveau de l’État. Mais c’est son implication présumée dans une affaire visant sa propre sœur, la juge Emma Benavides, qui lui a coûté son poste.
Emma Benavides était soupçonnée d’avoir libéré des narcotrafiquants en échange de pots-de-vin. Or, la procureure en charge de l’enquête, Bethsabé Revilla, affirme avoir été renvoyée sur ordre de Patricia Benavides pour étouffer l’affaire. Un « scandale honteux » selon l’avocat de cette dernière.
Destitutions en cascade
Suite à ces révélations, le Conseil national de la justice (JNJ) a décidé à l’unanimité de destituer Patricia Benavides pour « fautes disciplinaires graves ». Sa sœur Emma a subi le même sort. Les deux nient toute collusion, mais peinent à convaincre l’opinion publique.
Je me sens disculpée.
– Bethsabé Revilla, procureure écartée de l’enquête
Tensions avec la présidente
Pour compliquer l’affaire, Patricia Benavides avait porté plainte fin novembre contre la présidente Dina Boluarte pour sa gestion répressive de manifestations qui ont fait des dizaines de morts. En retour, la dirigeante a publiquement souhaité son départ.
- Mme Boluarte jouit de l’immunité jusqu’à la fin de son mandat en 2026
- Mais une enquête est ouverte pour « génocide et homicides » sous sa présidence
Ce bras de fer entre pouvoirs exécutif et judiciaire illustre la crise institutionnelle chronique qui ronge le Pérou. Instabilité politique, affaires de corruption à répétition, violences… Le pays andin peine à trouver la voie de l’apaisement.
Un diagnostic sévère
Pour beaucoup d’analystes, ce nouvel épisode met en évidence la nécessité d’une réforme en profondeur du système judiciaire. Manque d’indépendance, fonctionnement opaque, soupçons de connivences… Les maux sont profonds et anciens.
La corruption gangrène toutes les sphères du pouvoir au Pérou. Il est temps d’agir.
– Un avocat péruvien sous couvert d’anonymat
Face à la défiance croissante des citoyens, le défi est immense pour restaurer la crédibilité de la justice. Mais c’est un impératif démocratique pour sortir par le haut de l’ornière politique dans laquelle s’enlise le pays. L’avenir du Pérou est plus que jamais suspendu à sa capacité à rompre avec les vieux démons de la corruption.