En cette nuit du Nouvel An 2025, des centaines de Syriens se sont rassemblés place des Omeyyades, au cœur de Damas, pour célébrer non seulement l’arrivée d’une nouvelle année mais surtout le début d’une ère nouvelle pour leur pays. Après 13 années de guerre civile qui ont ravagé le pays, faisant plus d’un demi-million de morts, le régime de Bachar Al-Assad a finalement été renversé le 8 décembre dernier par une coalition de groupes rebelles. Les drapeaux aux couleurs de la révolution, vert-blanc-noir frappés de trois étoiles rouges, flottent désormais librement dans la capitale auparavant tenue d’une main de fer par le clan Assad depuis plus d’un demi-siècle.
Le peuple syrien retrouve l’espoir
Pour Layane, une étudiante de 22 ans, cet instant a un goût de libération : « On ne s’attendait pas qu’un tel miracle se produise, aujourd’hui les Syriens ont retrouvé le sourire », confie-t-elle émue, avant d’ajouter : « On a pu obtenir nos droits, on peut parler désormais. Je me suis défoulée ces trois dernières semaines en faisant sortir tout ce que j’avais d’enfoui pendant près de 14 ans ». Un sentiment partagé par Qassem, chauffeur de taxi de 34 ans : « Avant, chaque année on vieillissait de 10 ans d’un coup, avec la chute du régime, toutes nos peurs se sont dissipées. Maintenant j’ai beaucoup d’espoir. Tout ce qu’on veut désormais c’est la paix ».
La fin de la dynastie des Assad
Le renversement de Bachar Al-Assad sonne le glas de la mainmise implacable de son clan familial sur la Syrie pendant plus de 50 ans, un règne marqué par la répression sanglante de toute dissidence et le musellement des libertés publiques. La révolte populaire initiée en 2011, violemment réprimée par le régime, s’était transformée en une guerre civile complexe impliquant de multiples acteurs, morcelant le territoire. Le conflit laisse un pays exsangue et dévasté, des familles endeuillées et le sort de dizaines de milliers de prisonniers et disparus encore en suspens.
Vers une Syrie plurielle et démocratique ?
Si la chute du régime suscite un immense espoir et soulagement, les défis qui attendent le pays sont colossaux. « Quoiqu’il arrive, ce sera mieux qu’avant », résume avec philosophie Imane, une dessinatrice de 46 ans. Havan, un étudiant kurde de Qamichli venu poursuivre ses études à Damas, espère quant à lui « une Syrie non-confessionnelle, pluraliste, pour tous, sans exception ». Le nouveau gouvernement de transition, s’il est accueilli avec enthousiasme par la population, devra œuvrer à la réconciliation nationale, la reconstruction et la consolidation des institutions démocratiques. La route sera longue et semée d’embûches, mais pour la première fois depuis longtemps, les Syriens peuvent envisager l’avenir avec espoir.
Avant il y avait des célébrations, mais pas comme ça. La joie est double désormais, on célèbre la nouvelle année de tout notre cœur, on célèbre l’espoir qu’elle porte.
Imane Zeidane, dessinatrice de 46 ans
Sur la place des Omeyyades résonne ce soir une chanson révolutionnaire devenue un hymne, « Lève la tête, tu es un Syrien libre ». Douze coups de minuit, des feux d’artifice illuminent le ciel de Damas. Une nouvelle page de l’histoire tourmentée de la Syrie s’écrit sous les vivats d’un peuple qui veut croire que le pire est derrière lui. 2025 se lève sur un pays en ruines mais porté par un vent de liberté et d’espérance. La route de la reconstruction sera longue, mais les Syriens semblent déterminés à la parcourir ensemble pour bâtir un avenir meilleur.
