Imaginez un pays où plus personne ne fumerait. C’est l’ambition que nourrit le gouvernement britannique avec son projet de loi «révolutionnaire» comme le qualifie le ministre de la Santé Wes Streeting. Arrivé mardi 5 novembre au Parlement, ce texte vise ni plus ni moins qu’à créer «la première génération sans tabac» outre-Manche.
La mesure phare ? Interdire progressivement la vente de cigarettes aux personnes nées après 2009. Autrement dit, si vous êtes né en 2010 ou après, vous ne pourrez jamais acheter légalement du tabac au Royaume-Uni. Un coup de massue pour l’industrie du tabac et un pari audacieux en termes de santé publique.
Un enjeu de santé publique majeur
Car les ravages du tabagisme ne sont plus à démontrer. Chaque année, la cigarette tue environ 80 000 personnes au Royaume-Uni selon les chiffres officiels. Un quart des décès par cancer lui sont imputables. Et le coût pour le système de santé est faramineux : 3,1 milliards de livres sterling par an, soit plus de 3,5 milliards d’euros.
La législation va permettre de sauver des milliers de vies et de protéger le NHS.
Wes Streeting, ministre de la Santé
En s’attaquant à la source, en empêchant les jeunes générations de tomber dans le piège de la dépendance, le gouvernement espère réduire drastiquement ce fardeau humain et financier à long terme. Un défi de taille quand on sait à quel point l’industrie du tabac excelle dans le marketing et le lobbying pour attirer de nouveaux clients.
Vers une restriction de la cigarette électronique
Mais le projet de loi ne s’arrête pas là. Il prévoit aussi d’interdire de fumer dans certains espaces extérieurs comme les aires de jeux pour enfants, aux abords des écoles et des hôpitaux. L’idée est de dénormaliser encore plus le tabagisme et de protéger les non-fumeurs, en particulier les plus vulnérables.
Enfin, le vapotage est également dans le viseur. Le texte veut interdire la publicité pour les produits de vapotage et imposer des restrictions sur leurs arômes et emballages. Les cigarettes électroniques jetables aux couleurs vives et aux goûts appétissants, très prisées des jeunes, seront bannies dès juin 2025.
Un débat houleux en perspective
Si la dimension de santé publique est incontestable, certains s’inquiètent déjà des répercussions économiques pour les buralistes et l’industrie de la restauration. Pourtant, le gouvernement a finalement renoncé à interdire de fumer en terrasses de pubs et restaurants, conscient des difficultés du secteur.
Malgré ce recul, le débat s’annonce animé au Parlement. Entre ceux qui soutiendront la démarche au nom de l’intérêt général et ceux qui y verront une atteinte aux libertés individuelles, voire une forme de «nanny state», l’issue du vote reste incertaine. Une chose est sûre, le Royaume-Uni n’a pas fini de faire parler de lui avec cette initiative inédite.