Imaginez un instant marcher sur une terre qui recèle les secrets d’une bataille vieille de 400 ans. C’est exactement ce qui se passe actuellement sur l’Île de Ré, ce joyau de la Charente-Maritime. Une découverte extraordinaire vient d’être faite : les vestiges de plus de 3000 soldats tués lors d’un affrontement décisif des guerres de religion en 1627. Un véritable voyage dans le temps qui pourrait bien changer notre regard sur cette période trouble de l’histoire de France.
La bataille du pont de Feneau, un moment clé des guerres de religion
Le 8 novembre 1627, les troupes anglaises du Duc de Buckingham, venues soutenir les protestants, affrontent l’armée royale française sur l’Île de Ré, au niveau du pont de Feneau. C’est un véritable carnage : plus de 3000 soldats anglais et huguenots y laissent la vie. Cette défaite précipite la chute de La Rochelle, bastion protestant, quelques mois plus tard. Un tournant dans ces guerres qui ont déchiré la France pendant des décennies.
Un travail de fourmi pour localiser le site
Mais où étaient passés les corps de ces milliers d’hommes tombés au combat ? C’est la question qui taraude depuis des années Indalecio Alvarez, président de l’association Île de Ré Patrimoine. Avec son équipe, il s’est plongé dans les archives, décortiquant les récits de l’époque et les rares représentations de la bataille. Un travail de fourmi qui a fini par payer :
Nous avons pu reconstituer le déroulé des combats et identifier une zone marécageuse qui correspond aux descriptions. C’est là que nous avons concentré nos recherches.
– explique Indalecio Alvarez
Des premiers sondages prometteurs
Banco ! Les premiers sondages réalisés dans le secteur du Domaine de la Davière se révèlent très positifs. Le département de Charente-Maritime, propriétaire des terrains, donne son feu vert pour des fouilles plus poussées.
L’objectif est ambitieux : extraire et étudier les restes des combattants, mais aussi retrouver les traces des fortifications et de l’armement de l’époque. Un programme de recherche étalé sur 3 ans, de 2025 à 2028, qui va mobiliser archéologues, historiens et spécialistes de la guerre.
Un intérêt historique majeur
Au-delà de leur dimension mémorielle évidente, ces fouilles revêtent un intérêt scientifique et historique majeur comme le souligne Benjamin Deruelle, professeur à l’Université de Québec à Montréal :
Ce chantier va nous permettre de mieux comprendre les évènements qui ont mené à la défaite des protestants à La Rochelle, mais aussi d’en savoir plus sur l’art militaire du début du XVIIe siècle. C’est une opportunité unique !
– Benjamin Deruelle, professeur à l’UQAM
Les fouilles pourraient aussi livrer leur lot de surprises. Qui sait ce que la terre de l’Île de Ré recèle encore comme vestiges de ce passé tumultueux ? Une chose est sûre, l’histoire n’a pas fini de se réécrire sur ce bout de terre chargé de mémoire. Affaire à suivre !