Ces derniers jours, une vidéo TikTok affirmant qu’un régiment de l’armée française basé en Côte d’Ivoire aurait attaqué par erreur l’armée de l’air ivoirienne a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Selon l’internaute s’exprimant en bambara, la frappe aurait fait “deux morts” et le 43e bataillon d’infanterie de marine (BIMA) français serait responsable de cette bavure. Mais que se cache réellement derrière ces allégations ?
Un faux document à l’origine de l’intox
En réalité, cette fausse information se base sur un document falsifié prétendument issu de l’état-major ivoirien. Comme l’ont repéré des spécialistes en sources ouvertes, l’en-tête du faux communiqué reprend celui d’un document officiel datant de juin 2021, avec une police d’écriture différente qui trahit la supercherie. Le numéro de référence “-21/EMGA/BIPA” renvoie lui aussi à un communiqué sans rapport avec une quelconque frappe accidentelle.
Qui plus est, l’homme ayant fait émerger cette fake news est un activiste malien pro-junte connu pour relayer régulièrement de fausses informations, notamment sur de prétendus vols d’or par la France au Mali. Récemment nommé à un poste gouvernemental, ce dernier n’en est pas à son coup d’essai en matière de désinformation.
Un démenti officiel face à une rumeur infondée
Face à l’ampleur prise par cette vidéo virale, le ministère ivoirien de l’Intérieur a rapidement réagi en démentant formellement ces accusations, évoquant “un faux n’ayant pour objectif que de créer la psychose”. De son côté, l’état-major français confirme que la dernière présence militaire dans la région de Bouaké, théâtre supposé de l’incident, remonte à un exercice bilatéral début septembre. Ces déclarations officielles ne laissent planer aucun doute sur l’absence totale de fondement de cette rumeur.
Une désinformation récurrente visant les relations franco-ivoiriennes
Ce n’est malheureusement pas la première fois que de fausses informations prenant pour cible les relations entre la France et la Côte d’Ivoire se propagent sur les réseaux sociaux. Récemment, une photo datant en fait de 2003 a été présentée comme une manifestation récente réclamant le départ des troupes françaises. Un peu plus tôt, une vidéo créée par intelligence artificielle imitant la voix d’Emmanuel Macron faisait dire au président français des propos polémiques sur les droits LGBT.
Pour comprendre les motivations derrière ces fake news à répétition, il faut avoir en tête le contexte régional tendu. La Côte d’Ivoire est en effet un allié stratégique majeur pour la France dans une zone où les relations avec certains pays du Sahel se sont fortement dégradées ces dernières années. À quelques mois de l’élection présidentielle ivoirienne d’octobre 2025, qui pourrait voir Alassane Ouattara briguer un nouveau mandat, certains n’hésitent pas à attiser les tensions en propageant des rumeurs infondées.
Ces fausses informations qui prennent pour cible nos liens historiques avec la Côte d’Ivoire ont pour seul but de semer le trouble et la défiance. Dans le contexte électoral à venir, il est plus que jamais nécessaire de faire preuve de discernement face aux tentatives de manipulation.
– Une source diplomatique française
Alors que les relations franco-africaines traversent une période délicate, marquée par un sentiment anti-français croissant dans certains pays, la multiplication des fake news visant à les déstabiliser doit nous inciter à la plus grande vigilance. Face au fléau de la désinformation, vérifier l’information avant de la partager est plus que jamais un réflexe salutaire.