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Une écologie tragique : trouver l’équilibre entre l’homme et la nature

Face aux bouleversements climatiques induits par l’homme, quelle place doit-il tenir dans la Création ? Dans son dernier livre, le philosophe Fabrice Hadjadj propose une voie médiane entre l’effondrisme catastrophiste et le technicisme triomphant. Une écologie tragique qui réconcilie l’anthropologie chrétienne avec l’exigence écologique.

L’homme, responsable de l’effondrement du monde ?

Devant le sac du monde auquel nous assistons, l’interrogation de saint Jérôme après le sac de Rome en 410 redevient la nôtre : « Quid salvum est, si Roma perit ? » (« Qui sera sauf, si Rome périt ? »). Toute la réflexion de saint Augustin dans La Cité de Dieu reposera sur cette question fondatrice : comment concilier l’effondrement d’un monde avec l’espérance chrétienne ?

Aujourd’hui, le bouleversement climatique induit par l’homme nous met face à une responsabilité vertigineuse. Il intervient au moment où nous avons oublié les fondements de l’anthropologie judéo-chrétienne et où nous ne savons plus quelle place doit tenir l’homme dans la Création.

Les hérésies écologiques se multiplient

Face à ce questionnement crucial, les hérésies écologiques foisonnent :

  • Certains voudraient abolir la distinction entre l’homme et l’animal
  • D’autres idéalisent outrageusement la nature
  • À l’inverse, certains considèrent la nature comme un vaste supermarché à exploiter sans limites

L’Apocalypse écologique n’est-elle pas devenue une eschatologie de substitution dans un monde qui a cessé de croire ? Les chrétiens se retrouvent devant l’écologie comme devant la question sociale au XIXe siècle : sommés de choisir leur camp.

Pour une écologie tragique

Dans ce contexte, Fabrice Hadjadj nous propose une voie médiane, celle d’une écologie tragique. Loin de l’effondrisme comme du technicisme, il s’agit de retrouver le sens de la place de l’homme dans la Création :

« L’homme a une responsabilité à l’égard de la Création. Non pas celle d’un propriétaire ou d’un usufruitier, mais celle d’un intendant ou d’un régisseur. »

– Fabrice Hadjadj

Cette écologie tragique assume l’interdépendance profonde entre l’homme et la nature, sans pour autant idéaliser cette dernière. Elle réconcilie l’anthropologie chrétienne, qui affirme la singularité de l’homme, avec l’exigence écologique de respect de la Création.

Une nuance très camusienne

On retrouve dans cette approche la nuance et le refus des extrêmes chers à Albert Camus, comme le souligne Hubert Védrine dans son dernier livre Camus, notre rempart (Plon). Face à l’hubris et à l’esprit de système, la pensée de Camus constitue un précieux garde-fou.

À l’heure où les débats écologiques se radicalisent, où s’affrontent les partisans d’une décroissance punitive et les chantres d’une croissance verte, la voix d’Eugénie Bastié et de Fabrice Hadjadj est salutaire. Leur écologie tragique nous invite à retrouver le sens de la mesure et notre juste place dans le monde.

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