C’est un récit poignant de courage et de détermination face à l’autoritarisme qui nous parvient de Corée du Sud. An Gwi-ryeong, une femme politique respectée, a vécu des moments intenses lors d’une tentative avortée d’imposition de la loi martiale dans le pays. Avec une bravoure remarquable, elle a tenu tête aux soldats qui avaient investi le parlement, allant jusqu’à arracher l’arme de l’un d’entre eux dans un geste symbolique fort pour défendre la démocratie.
Mardi soir, à la stupéfaction générale, le président sud-coréen a décrété la loi martiale et tenté de museler l’Assemblée nationale en y déployant l’armée. Une décision choquante qui n’a pas manqué de soulever l’indignation des députés et des citoyens, descendus en masse dans les rues pour manifester leur opposition.
190 députés bravent le bouclage militaire du parlement
Malgré le déploiement de centaines de soldats et de policiers autour du bâtiment, pas moins de 190 élus ont réussi à se faufiler à l’intérieur, parfois en escaladant les clôtures, pour tenir une séance extraordinaire dans la nuit de mardi à mercredi. Un acte de résistance courageux face à la tentative de coup de force présidentielle.
C’est dans ce contexte tendu qu’An Gwi-ryeong, porte-parole du Parti démocrate, l’opposition principale, a vécu un face à face mémorable avec un soldat. N’écoutant que son sens du devoir et son attachement aux valeurs démocratiques, elle a tenté de désarmer le militaire.
« N’avez-vous pas honte ? »
a-t-elle lancé au soldat lors de leur brève altercation, immortalisée dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.
Son geste héroïque a suscité une vague de soutien et d’admiration dans le pays, de nombreux internautes saluant son attitude courageuse face aux dérives autoritaires du pouvoir.
Une lutte cruciale pour la survie de la démocratie
Interrogée par l’AFP, An Gwi-ryeong a confié avoir ressenti que « si cet assaut réussissait, il n’y aurait pas de retour en arrière ». Elle était convaincue que si les soldats étaient parvenus à leurs fins en empêchant le vote des députés, « ce n’est pas seulement la loi martiale qui n’aurait pas été levée, mais cela aurait aussi été la fin de notre démocratie ».
Malgré la peur qui l’habitait à ce moment critique, la députée a puisé sa force et son inspiration dans le courage des milliers de citoyens rassemblés devant le parlement pour dénoncer ce coup de force. « La peur à ce moment était contrebalancée par la conviction que cet endroit devait être défendu », a-t-elle expliqué avec une conviction inébranlable.
L’héritage démocratique chevillé au corps du peuple coréen
An Gwi-ryeong replace cet événement dans le contexte plus large de l’histoire tumultueuse de la Corée du Sud, pays qui a dû se battre avec acharnement pour conquérir sa démocratie après des décennies de régime autoritaire. Elle souligne avec fierté que son pays « a une histoire qui l’a vue parvenir à la démocratie par la détermination de ses citoyens ».
« Je crois profondément que cet esprit est inscrit dans l’ADN du peuple coréen »
a-t-elle martelé avec conviction.
Alors que l’opposition a engagé une procédure de destitution contre le président Yoon Suk Yeol, accusé d’avoir attenté aux institutions démocratiques du pays, la députée ne cache pas son inquiétude. Elle estime que le dirigeant « semble ne pas considérer tout cela comme un échec total » et appelle à la vigilance face au risque de nouvelles tentatives liberticides.
« Nous devons tenir face à la tyrannie jusqu’au bout »
Pour An Gwi-ryeong, la lutte est loin d’être terminée. Elle exhorte ses concitoyens à ne pas relâcher leurs efforts :
« Nous devons tenir face à la tyrannie de l’administration Yoon jusqu’à la fin. Nous devons nous battre ensemble, et nous soutenir les uns les autres »
a-t-elle martelé avec force.
Alors que la motion de destitution doit être soumise au vote des députés samedi à 19h heure locale, le pays retient son souffle. Une chose est sûre : quoi qu’il advienne, des femmes et des hommes courageux comme An Gwi-ryeong seront au premier rang pour défendre sans relâche la démocratie et les libertés si chèrement acquises par le peuple sud-coréen.