Dans un quartier d’ordinaire paisible de la banlieue lilloise, une fusillade d’une rare violence a éclaté en fin d’après-midi devant la maison d’arrêt de Sequedin. Selon les premiers éléments de l’enquête, un commando lourdement armé et cagoulé aurait débarqué en voiture avant qu’un des individus n’ouvre le feu à onze reprises contre la porte d’entrée de l’établissement pénitentiaire avec un fusil d’assaut de type kalachnikov. Une scène digne d’un film d’action qui a semé la panique parmi le personnel et les résidents du secteur.
Si les dégâts matériels sont très importants avec pas moins de sept impacts relevés sur les vitres et la porte, fort heureusement, on ne déplore aucun blessé. “Tout le monde s’est enfermé, ça a duré même pas une minute” témoigne Benoît Normand, délégué syndical UFAP-UNSA à la prison de Sequedin. Un véritable miracle alors qu’habituellement des agents se trouvent en faction devant l’entrée de la maison d’arrêt. “Ils auraient pu faire un carnage” s’alarme le syndicaliste.
Les auteurs activement recherchés
Après leur forfait, les malfaiteurs ont rapidement pris la fuite à bord de leur véhicule, une Renault Mégane retrouvée incendiée quelques kilomètres plus loin, sur la commune d’Escobecques. Un important dispositif policier a été déployé pour tenter de retrouver leur trace. La procureure de la République de Lille, Carole Etienne, s’est rendue sur les lieux où un périmètre de sécurité a été établi pour les besoins de l’enquête confiée à la police judiciaire.
À l’heure actuelle, le mobile de cette attaque reste indéterminé. Aucune piste n’est écartée, de la tentative d’intimidation au règlement de comptes en passant par une diversion en vue d’une évasion. Les enquêteurs cherchent à déterminer si la prison elle-même était visée ou un détenu ou membre du personnel en particulier. Ils vont éplucher les images des caméras de surveillance pour tenter d’identifier les membres du commando.
Une sécurité défaillante pointée du doigt
Cet incident met une nouvelle fois en lumière les problèmes de sécurité de la maison d’arrêt de Lille-Sequedin, la plus importante de la région. “Ça fait des années qu’on peut rentrer à Sequedin comme dans un moulin” se désole Benoit Normand de l’UFAP-UNSA. “On nous promet des travaux depuis l’année dernière et on n’a toujours rien, ça fait 20 ans qu’on est ouverts, 20 ans qu’on manque de sécurisation”.
Le manque de personnel sur certaines plages horaires est également régulièrement dénoncé par les syndicats, entraînant des situations à risque où les détenus prennent le dessus. La surpopulation chronique, source de fortes tensions, n’arrange rien, pas plus que la présence de profils de plus en plus dangereux comme la semaine dernière lorsqu’un détenu radicalisé a agressé des surveillants au cri d'”Allah Akbar”.
Le trafic de téléphones, véritable fléau
L’omniprésence des smartphones en détention, malgré leur interdiction, facilite aussi grandement les trafics et la poursuite d’activités criminelles depuis l’intérieur. En 3 ans, un agent de Sequedin affirme ainsi en avoir saisi plus de 1700 ! Un fléau qui gangrène littéralement les prisons selon les surveillants.
Cette attaque sans précédent par son mode opératoire et l’armement utilisé fait craindre un nouveau cap franchi dans la guerre que se livrent autorités et grand banditisme. Une situation préoccupante alors que les établissements pénitentiaires apparaissent de plus en plus perméables aux trafics, à la violence et aux pressions externes. Les syndicats appellent à un sursaut des pouvoirs publics pour endiguer cette spirale et restaurer la sécurité en prison, tant pour le personnel que pour les détenus. Une mission qui s’annonce ardue tant les défis sont immenses.
