Le Soudan, déjà meurtri par des décennies de conflits, fait face à une nouvelle tragédie. Mercredi dernier, le village de Wad al-Noura, situé dans l’État d’al-Jazira, a été la cible d’une attaque sanglante menée par les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire en guerre contre l’armée soudanaise depuis avril 2023. Selon des militants prodémocratie, le bilan humain serait effroyable : jusqu’à 100 morts et des centaines de blessés.
Une attaque d’une violence inouïe
D’après le comité de résistance de Madani, les FSR ont attaqué le village à deux reprises avec de l’artillerie lourde. Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent une rangée de linceuls blancs disposés sur un terrain, témoignant de l’ampleur du drame. Les paramilitaires auraient “envahi le village”, poussant de nombreux habitants à fuir. Malgré les appels à l’aide des villageois, l’armée soudanaise ne serait pas intervenue.
Un pays déchiré par la guerre
Depuis plus d’un an, le Soudan est le théâtre d’affrontements quotidiens entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des FSR, sous les ordres du général Mohamed Hamdane Daglo. Ce conflit aurait déjà fait des dizaines de milliers de morts, certaines estimations allant même jusqu’à 150 000 victimes.
Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, notamment de viser les civils, de bombarder de manière indiscriminée des zones résidentielles et de se livrer à des pillages ou de bloquer l’aide humanitaire vitale.
– Emergency Lawyers, groupe d’avocats soudanais documentant les atrocités
Une crise humanitaire sans précédent
Cette guerre a provoqué un déplacement massif de population. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de déplacés internes pourrait bientôt dépasser les 10 millions. La plupart tentent de survivre dans des zones menacées par la famine.
- 18 millions de personnes souffrent de la faim
- 3,6 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë
- Les agences de l’ONU déplorent des “obstructions systématiques” et des “refus délibérés” des belligérants entravant les livraisons d’aides humanitaires
Selon le think-tank néerlandais Clingendael Institute, d’ici fin septembre, 2,5 millions de personnes pourraient mourir si la crise humanitaire perdure, soit environ 15% de la population du Darfour et du Kordofan, régions particulièrement touchées par les violences.
La communauté internationale impuissante
Face à cette situation dramatique, la coordinatrice humanitaire de l’ONU au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, s’est dite “choquée” et “horrifiée”, déplorant notamment la mort d’au moins 35 enfants lors de l’attaque contre Wad al-Noura. Mais au-delà des condamnations, la communauté internationale semble impuissante à mettre fin à ce conflit dévastateur.
Le Soudan, autrefois porteur d’espoir après la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019, sombre aujourd’hui dans un cycle de violence qui paraît sans fin. L’attaque contre Wad al-Noura n’est qu’un épisode tragique supplémentaire dans cette guerre oubliée, qui a déjà fait trop de victimes civiles innocentes. Il est urgent que la communauté internationale se mobilise pour mettre un terme à ce conflit et venir en aide à la population soudanaise, avant qu’il ne soit trop tard.