Une affaire retentissante secoue actuellement le gouvernement grec. Selon des informations rapportées par diverses sources, le parti conservateur Nouvelle-Démocratie, dirigé par l’actuel Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, s’est vu infliger une lourde sanction financière par l’autorité nationale de protection des données personnelles. Au cœur du scandale : une fuite massive de fichiers contenant les informations de centaines de milliers d’électeurs grecs, survenue quelques semaines seulement avant les élections européennes de juin dernier.
Une amende de 40 000 euros pour le parti au pouvoir
D’après les éléments communiqués par l’Autorité grecque de protection des données (HDPA), le parti Nouvelle-Démocratie devra s’acquitter d’une sanction pécuniaire s’élevant à 40 000 euros pour manquement à ses obligations en matière de sécurisation des données personnelles. Deux hauts responsables du parti, dont son secrétaire général dédié aux expatriés, écopent également chacun d’une amende de 10 000 euros.
Les faits incriminés remontent au mois de mars 2023. À quelques mois du scrutin européen, des centaines de ressortissants grecs installés à l’étranger, principalement en Europe et aux États-Unis, avaient reçu par mail une communication politique non sollicitée de la part d’Anna-Michelle Asimakopoulou, eurodéputée Nouvelle-Démocratie et candidate à sa réélection.
Plus de 25 000 personnes touchées par la fuite
L’enquête menée par la HDPA a révélé que les coordonnées de plus de 25 000 individus figurant sur les listes de diffusion du parti avaient fuité dans la nature suite à des failles dans les procédures de protection des données. Parmi les manquements pointés du doigt, l’absence de politique suffisamment robuste en la matière, facilitant ainsi «la collecte illégale» des fichiers d’électeurs.
Face à la polémique, la députée européenne concernée avait été contrainte de se retirer de la course, tandis que le secrétaire général aux expatriés, Nikos Theodoropoulos, présentait sa démission. De son côté, la direction de Nouvelle-Démocratie a fait savoir qu’elle contesterait les conclusions de l’Autorité de protection des données devant le Conseil d’État.
Le spectre des écoutes illégales
Cette affaire intervient dans un contexte déjà tendu pour le gouvernement conservateur, éclaboussé l’an dernier par le scandale des mises sur écoute illégales visant des dizaines de personnalités politiques et des journalistes au moyen du logiciel espion Predator. Un dossier sur lequel la HDPA avait là aussi pointé de graves défaillances dans la sécurité des systèmes d’information de l’État.
Pourtant, deux mois seulement avant que n’éclate ce nouveau scandale, la majorité gouvernementale avait fait passer une loi autorisant pour la première fois le vote par correspondance, donnant lieu à une intense campagne de communication ciblant la diaspora grecque. Une réforme destinée à faciliter la participation électorale des expatriés, mais qui soulève aujourd’hui de sérieuses questions quant à la protection de leurs données personnelles.
Un sujet politiquement sensible
Au-delà de son volet juridique, cette nouvelle affaire embarrasse sérieusement l’exécutif. L’opposition de gauche accuse le Premier ministre de laxisme coupable et dénonce un «mépris assumé pour la vie privée des citoyens». De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer un renforcement des garde-fous réglementaires et une plus grande transparence dans la gestion des données électorales.
Alors que la Grèce doit retourner aux urnes à l’été 2023, cette polémique sur la fuite de fichiers d’électeurs risque d’affecter la crédibilité de l’équipe au pouvoir. Déjà fragilisé par l’affaire des écoutes, le gouvernement Mitsotakis n’est pas à l’abri d’un vote sanction, sur fond d’interrogations croissantes sur le respect des libertés publiques.
Un sérieux avertissement pour tous les partis politiques
Au-delà du cas grec, cette affaire sonne comme un sérieux rappel à l’ordre pour l’ensemble des formations politiques, à l’heure où les campagnes électorales s’appuient massivement sur l’utilisation des données personnelles. Partout en Europe, de nombreux observateurs appellent à un meilleur encadrement de ces pratiques, afin de préserver l’intégrité du processus démocratique face aux risques de manipulation de l’électorat.
Reste à savoir si cette énième polémique incitera les décideurs politiques à prendre enfin la mesure de l’enjeu. En attendant, le gouvernement grec va devoir redoubler d’efforts pour rassurer ses concitoyens sur sa capacité à protéger leurs informations personnelles. Un défi de taille à l’approche d’échéances électorales cruciales.