C’est un véritable coup de tonnerre qui a ébranlé le monde de l’art et du patrimoine français. Jeudi dernier, en plein après-midi, un groupe de malfaiteurs a mis à exécution un braquage audacieux au musée du Hiéron, haut lieu de l’art sacré situé en Bourgogne. Leur butin : “Via Vitae”, un trésor national de joaillerie estimé entre 5 et 7 millions d’euros. Retour sur ce vol d’une rare intensité.
Le joyau du musée du Hiéron ciblé
L’œuvre au cœur de ce braquage spectaculaire n’est autre que “Via Vitae” ou “Chemin de vie”, une pièce d’orfèvrerie d’exception réalisée au début du XXe siècle par le renommé Joseph Chaumet. Véritable trésor national, elle avait été acquise par la commune en 2005 pour devenir la star incontestée des collections du Hiéron.
Juchée sur un socle en albâtre et marbre bleu-gris des Pyrénées, “Via Vitae” se distinguait par ses 138 délicates figurines en or et ivoire mettant en scène les neuf étapes de la vie du Christ. Un écrin précieux rehaussé de pierres et métaux nobles. Une merveille artistique et spirituelle, quintessence du savoir-faire des maîtres orfèvres.
Un mode opératoire minutieusement préparé
D’après les premiers éléments de l’enquête, les quatre malfaiteurs sont arrivés à moto aux abords du musée. Casqués, gantés et armés, trois d’entre eux ont fait irruption dans l’établissement alors ouvert au public, pendant que le quatrième faisait le guet à l’extérieur.
Déterminés, les braqueurs se sont dirigés droit vers “Via Vitae”, pourtant protégée par d’épaisses vitrines blindées. Mais celles-ci n’ont pas résisté longtemps à l’assaut d’une tronçonneuse à disque. En quelques minutes, le trésor était dépouillé de ses figurines et ornements les plus précieux, dont certains sertis de diamants, rubis ou émeraudes.
Une fuite minutieusement orchestrée
Butin en poche, les malfaiteurs ont pris la fuite sur leurs motos. Des véhicules de gendarmerie se sont lancés à leur poursuite, mais les braqueurs avaient plus d’un tour dans leur sac. Pour semer leurs poursuivants, ils ont jeté des clous sur la chaussée, crevant les pneus des forces de l’ordre.
Jeudi après-midi, l’œuvre, estimée entre 5 et 7 millions d’euros, a été “saccagée” par des malfaiteurs, selon le maire de la ville Jean-Marc Nesme.
Cette fuite maîtrisée témoigne du haut degré de préparation du braquage. Les autorités soupçonnent d’ailleurs que des repérages avaient été effectués en amont, le musée ayant déjà été la cible d’un cambriolage en 2017, et d’une tentative avortée en septembre dernier.
Le Hiéron, un musée régulièrement ciblé
Fleuron des musées d’art sacré français, le Hiéron semble exercer une fascination particulière sur les amateurs d’art peu scrupuleux. En 2017 déjà, deux couronnes anciennes signées Paul Brunet avaient été dérobées. Plus récemment, en septembre 2022, une tentative de cambriolage avait avorté de justesse.
Ces incidents à répétition soulèvent des questions sur la sécurité des trésors nationaux et des collections muséales. Les établissements culturels sont-ils suffisamment armés face à la détermination et l’audace de voleurs toujours plus inventifs et organisés ?
Une enquête d’envergure lancée
Face à ce vol d’une rare intensité, la justice a mis les bouchées doubles. Le parquet de Mâcon a ouvert une enquête pour “vol avec arme en bande organisée” et saisi la section de recherches de Dijon ainsi que l’office central de lutte contre le trafic des biens culturels.
Tous les moyens sont déployés pour retrouver la trace des malfaiteurs et de leur précieux butin. Les forces de l’ordre craignent que l’œuvre ne soit rapidement disséminée sur le marché de l’art parallèle et proposée à de riches collectionneurs peu regardants.
C’est une grande perte pour le patrimoine national.
En attendant, c’est toute une ville, toute une région qui est sous le choc. L’émotion est vive chez les amateurs d’art et plus largement, tous les citoyens attachés à la protection du patrimoine culturel français. Une réflexion nationale sur la sécurisation des œuvres d’art semble plus que jamais à l’ordre du jour.