La Nouvelle-Calédonie est en ébullition depuis la visite express du président Emmanuel Macron la semaine dernière, censée apaiser les tensions. Mais c’était sans compter le drame survenu ce vendredi à Dumbéa, près de Nouméa, où un homme de 48 ans a été abattu par un tir de policier. Un événement tragique qui vient s’ajouter aux violences qui secouent l’archipel depuis près de deux semaines maintenant.
Septième victime depuis le début des émeutes
Selon le procureur de la République, l’homme a été mortellement touché par un tir de policier alors qu’il prenait part avec une quinzaine d’autres individus à une altercation physique avec une patrouille. Les fonctionnaires affirment avoir agi en état de légitime défense pour s’extraire, et présentaient des « traces de coups sur le visage ». Une enquête pour homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique a été ouverte.
Il s’agit de la septième personne tuée depuis le début des émeutes qui ont éclaté le 13 mai dernier, au lendemain du troisième et dernier référendum sur l’indépendance, contesté par les indépendantistes. Face à la dégradation de la situation, l’état d’urgence a été décrété le 16 mai, avec son lot de mesures restrictives : couvre-feu, interdiction de rassemblement, de port d’armes, de vente d’alcool…
Une visite présidentielle qui divise
C’est dans ce contexte de vives tensions communautaires qu’Emmanuel Macron s’est rendu sur le Caillou pour une visite éclair de quelques heures. Officiellement venu pour « ouvrir une nouvelle page » et appeler au dialogue, le chef de l’État a multiplié les rencontres avec les acteurs politiques, coutumiers et économiques. Mais beaucoup dénoncent une visite trop tardive et en décalage avec les attentes.
La Nouvelle-Calédonie ne doit pas devenir le Far West
Emmanuel Macron
Les indépendantistes ont notamment boudé le grand oral présidentiel, exigeant au préalable la libération des personnes interpellées durant les émeutes. Une fin de non-recevoir d’Emmanuel Macron qui a assuré que « la Nouvelle-Calédonie ne doit pas devenir le Far West ». Des propos qui passent mal auprès d’une partie de la population kanak, pour qui le retour au calme passe d’abord par des gestes d’apaisement.
Quel avenir institutionnel pour l’archipel ?
Au-delà de la crise immédiate, c’est la question du futur statut de la Nouvelle-Calédonie qui cristallise les tensions. Malgré la victoire du non à l’indépendance à trois reprises, les indépendantistes continuent de réclamer une « pleine souveraineté ». De leur côté, les loyalistes souhaitent rester dans le giron français mais avec plus d’autonomie.
Pour tenter de sortir de l’impasse, Emmanuel Macron a missionné trois hauts fonctionnaires chargés de renouer le dialogue entre toutes les parties. Objectif : définir un nouveau statut d’ici juin 2024, date à laquelle s’achève l’accord de Nouméa qui régit la décolonisation progressive de l’archipel depuis 1998. Un pari très incertain au vu du fossé qui se creuse chaque jour un peu plus entre les deux camps.
Les prochains jours s’annoncent donc décisifs pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Entre aspirations indépendantistes, volonté de rester française et poussées de violences, l’archipel du Pacifique sud est à la croisée des chemins. Un chemin semé d’embûches que devra aussi emprunter l’État, pour tenter de préserver le fragile équilibre issu des accords de Matignon et Nouméa. Tout en garantissant la sécurité et en restaurant la confiance avec la population. Un défi de taille.