C’est une affaire digne d’un polar qui secoue actuellement l’Espagne. En novembre 2023, un trentenaire de la province de Soria, en Castille-et-León, est porté disparu par sa famille. L’enquête piétine pendant de longs mois, jusqu’à ce qu’un élément inattendu vienne relancer les investigations de manière spectaculaire : une photo Google Street View montrant un suspect en train de charger un grand sac blanc dans le coffre de sa voiture, à l’endroit et au moment de la disparition.
Street View, témoin clé malgré lui
Depuis son lancement en 2007, le service Google Street View a révolutionné notre façon d’explorer le monde virtuellement. Mais il est aussi devenu, bien malgré lui, un outil d’investigation redoutable pour les forces de l’ordre. Dans le cas présent, c’est en explorant les images de navigation disponibles dans le secteur de la disparition que les enquêteurs sont tombés sur ce cliché troublant, capturé par hasard par les célèbres Google Cars.
D’après une source proche du dossier, on y voit distinctement un individu, penché dans le coffre ouvert d’un véhicule, en train d’y déposer un grand sac en plastique blanc dont la forme évoque un corps humain. Les métadonnées GPS et temporelles de la photo correspondent parfaitement aux circonstances de la disparition du trentenaire deux mois plus tôt. Pour les policiers, cet élément est suffisamment troublant pour justifier la réouverture de l’enquête.
L’environnement proche passé au crible
Convaincus que la clé de l’énigme se trouve dans l’entourage de la victime, les enquêteurs concentrent leurs efforts sur ce cercle restreint. Très vite, la compagne du trentenaire ainsi qu’un de ses ex-compagnons sont interpellés et placés en détention provisoire. Selon nos informations, des traces ADN appartenant à la victime auraient été retrouvées dans le véhicule de l’un des suspects.
Mais c’est surtout la découverte macabre faite quelques jours plus tard qui va donner un tour dramatique à cette affaire. En recoupant les informations géographiques de la photo Google Street View avec le profil des suspects, les policiers ont investi début décembre un cimetière de la province de Soria. C’est là, enterré dans une tombe anonyme, qu’ils ont mis au jour un torse humain en état de décomposition avancée. S’il n’a pas encore été formellement identifié, tout porte à croire qu’il s’agit des restes du malheureux trentenaire disparu.
Un « cold case » résolu grâce à la technologie ?
Si les circonstances exactes du drame restent à éclaircir, cette affaire illustre le potentiel des nouvelles technologies dans la résolution d’enquêtes complexes. Comme le souligne un expert en criminalistique :
Avec la multiplication des appareils connectés et des services de cartographie, nous avons accès à une masse de données géolocalisées et horodatées sans précédent. C’est une véritable mine d’or pour les enquêteurs, qui peuvent ainsi retracer les faits et gestes d’un suspect ou retrouver la trace d’une victime.
Mais cette utilisation de nos données personnelles, captées souvent à notre insu, soulève aussi des questions éthiques. Jusqu’où peut aller cette surveillance de masse au nom de la sécurité ? Un débat complexe qui ne fait que commencer, alors que des affaires comme celle-ci risquent de se multiplier à l’avenir. En attendant, c’est peut-être grâce à un simple cliché Street View qu’un « cold case » espagnol pourrait bien être résolu, plus d’un an après les faits.
Les autres faits divers high-tech
Ce n’est pas la première fois que des technologies grand public se retrouvent au cœur d’une enquête criminelle :
- En 2018, les données d’un bracelet connecté Fitbit ont permis de confondre un homme accusé du meurtre de sa femme, en prouvant qu’elle avait bien été agressée aux horaires évoqués.
- L’année suivante, c’est l’assistant vocal Alexa d’Amazon qui s’est retrouvé témoin malgré lui d’une affaire de double meurtre en Floride, les enquêteurs réclamant l’accès aux enregistrements audio du appareil.
- Plus insolite, l’application de généalogie en ligne GEDmatch a permis en 2018 d’identifier un tueur en série qui sévissait en Californie dans les années 70-80, grâce aux profils ADN partagés par ses cousins éloignés !
Autant d’affaires qui démontrent que n’importe quelle donnée numérique, des photos de vacances aux messages vocaux en passant par nos recherches Google, peuvent un jour se retrouver au cœur d’une enquête criminelle. De quoi réfléchir à deux fois avant de partager sa vie en ligne !