C’est un dossier brûlant qui revient sur le devant de la scène à Marseille. Malgré la suspension des activités du stand de tir des Trois-Lucs en novembre dernier suite à de nombreuses plaintes de riverains inquiets pour leur sécurité, la mairie vient d’autoriser une réouverture partielle du site. Une décision qui ne manque pas de soulever des questions.
Balles perdues et inquiétudes des habitants
Tout avait commencé par des signalements répétés d’incidents préoccupants aux abords de ce stand de tir municipal situé dans le 12e arrondissement, non loin d’habitations. Selon des sources proches du dossier, de nombreux résidents avaient fait état de balles perdues retrouvées dans leurs propriétés, certains allant jusqu’à porter plainte.
Face à la pression des riverains et au vu d’un rapport pointant des failles de sécurité, la mairie n’avait eu d’autre choix que de suspendre les activités des Trois-Lucs début novembre, dans l’attente d’une expertise approfondie. Le tribunal administratif avait même donné raison aux plaignants en imposant une fermeture provisoire dès l’été.
Un feu vert partiel qui pose question
Mais contre toute attente, la municipalité vient de publier un arrêté modificatif autorisant la reprise des tirs sur le pas de 10 mètres du stand. Cette décision fait suite à une nouvelle expertise concluant à une « absence de risque » sur cette partie du site, d’après l’adjoint au maire en charge des sports.
Je maintiens ma volonté de faire rouvrir tout le stand. Mais depuis novembre, il n’y a eu aucune discussion avec toutes les parties.
déclare Sylvain Souvestre, maire LR des 11e et 12e arrondissements
Un feu vert en demi-teinte donc, qui soulève des interrogations sur la gestion du dossier. Le reste du stand restera fermé sine die dans l’attente de travaux de rénovation pour reprendre les tirs « en toute sécurité ». Mais le timing et l’ampleur de ces aménagements restent flous à ce stade.
Entre nécessaire sécurisation et pratique sportive
Si tout le monde s’accorde sur l’impératif de garantir la sécurité publique, les tireurs rappellent de leur côté l’importance de disposer d’infrastructures adaptées pour pratiquer leur discipline dans de bonnes conditions. D’autant que ce stand municipal est le seul à des kilomètres à la ronde.
Il faudra donc trouver le juste équilibre entre protection du voisinage et maintien d’activités sportives. En attendant, cette réouverture partielle a un goût d’inachevé, le sort des Trois-Lucs restant en suspens.
Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir du stand, pris entre des impératifs de sécurité publique et des besoins de ses utilisateurs. La mairie parviendra-t-elle à concilier ces enjeux pour sortir par le haut de cette polémique ? Habitants et amateurs de tir sportif restent dans l’expectative.
Une gestion politique qui pose question
Au-delà de la problématique de ce stand, c’est bien la gestion de ce dossier sensible par la municipalité qui est pointée du doigt. Entre alertes relayées tardivement, mesures provisoires sous la pression et décisions en catimini, la méthode interroge.
Depuis la fermeture en novembre, rien n’avance et on découvre les décisions dans la presse. Il n’y a eu aucune concertation avec toutes les parties prenantes.
déplore Sylvain Souvestre
Un manque de transparence et de dialogue qui ne contribue pas à apaiser les tensions autour de ce dossier inflammable. Il est urgent pour la mairie de clarifier sa feuille de route pour l’avenir des Trois-Lucs et de renouer le fil du dialogue avec riverains, utilisateurs et élus locaux. Sous peine de voir la polémique continuer à enfler.
Entre deux feux, l’avenir du stand en suspens
Coincée entre les tirs croisés des différents acteurs, la municipalité se retrouve dos au mur sur ce dossier. Si la sécurité prime, interdire durablement ce site sans alternative serait un coup dur pour de nombreux passionnés. Mais rouvrir sans garanties serait jouer avec le feu.
Pour sortir de l’impasse, il faudra engager des investissements significatifs pour rénover et sécuriser le stand en profondeur. Cela ne se fera pas sans un vrai débat sur les financements et le calendrier, deux points qui restent en suspens à ce stade.
D’ici là, la réouverture en pointillé du pas de tir de 10 mètres est loin de régler le problème de fond. Le stand des Trois-Lucs n’a sans doute pas fini de faire parler de lui. À la mairie de reprendre la main pour éteindre durablement l’incendie.