Un vent de panique souffle sur les propriétaires de véhicules Citroën à Marseille et dans toute la France. La raison ? La découverte d’un vice de conception majeur touchant les airbags de plus de 250 000 voitures de la marque, les transformant en potentielles armes mortelles pour leurs conducteurs. Face à l’ampleur du scandale et à la gestion jugée désastreuse de la crise par le constructeur, des centaines d’automobilistes s’unissent aujourd’hui dans une action en justice collective qui s’annonce retentissante.
Explosion du nombre de plaintes
Depuis l’annonce du rappel massif mi-mai, les témoignages affluent, particulièrement dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur où le climat humide favoriserait la dégradation des systèmes de déclenchement défectueux. Des familles entières se retrouvent privées de leur véhicule du jour au lendemain, contraintes d’annuler leurs vacances ou de mettre en péril leur activité professionnelle, sans solution de remplacement satisfaisante de la part de Citroën.
C’est notre voiture familiale, elle doit aussi nous transporter jusqu’en Auvergne cet été à l’occasion de nos vacances. Citroën nous explique que les airbags les plus dangereux sont basés dans le sud de la France, en dessous d’une ligne magique qu’ils ont eux-mêmes défini. La ville de Marseille est particulièrement touchée.
– Kévin, père de famille concerné
Face à l’inaction et l’impréparation du constructeur automobile, un groupe Facebook rassemblant les automobilistes lésés a vu le jour sous l’impulsion de Kévin et compte déjà plus de 5000 membres. L’objectif ? Obtenir réparation pour le préjudice subi et faire condamner Citroën pour ses manquements.
Une plainte collective en préparation
Déterminés à ne pas laisser ce scandale impuni, 675 propriétaires ont d’ores et déjà rejoint l’action en justice collective menée par Me Christophe Lèguevaques, avocat spécialisé dans les procédures collectives. Des chefs d’accusation lourds sont évoqués, tels que la “mise en danger d’autrui”, “l’escroquerie en bande organisée” ou encore la “fraude”.
Je constate que ce n’est pas la première fois que la sécurité est sacrifiée sur l’autel des intérêts économiques dans l’industrie automobile. Citroën sait ce qu’il se passe depuis 2014, ils ont espéré que le risque ne les toucherait pas et ils n’ont pas tiré les conséquences de ce risque malgré une succession d’accidents dans les Antilles dès 2019. Qu’ont-ils fait pendant cinq ans ?
– Me Christophe Lèguevaques, avocat
L’avocat dénonce le choix délibéré de Citroën et de sa maison mère Stellantis de faire primer la rentabilité sur la sécurité des utilisateurs. Selon lui, le constructeur était au courant des risques depuis des années mais a préféré fermer les yeux, alors même que des accidents mortels impliquant ses airbags défectueux étaient recensés.
Un dispositif de réparation insuffisant
Si Citroën a fini par réagir sous la pression des autorités, le dispositif déployé apparaît bien insuffisant au regard de l’ampleur de la crise. Un programme de réparation à domicile doit être lancé à la mi-juillet dans le sud de la France, avec l’objectif de traiter 50 000 véhicules, soit à peine un cinquième des voitures concernées. Dans l’intervalle, les propriétaires n’ont d’autre choix que de laisser leur véhicule au garage, parfois pendant plusieurs mois, sans garantie d’obtenir une voiture de prêt.
Face au mécontentement grandissant et à la perspective d’un procès retentissant, Citroën assure être “entièrement mobilisé pour apporter une résolution concrète aux désagréments” et se dit à l’entière disposition de ses clients. Pas sûr que cela suffise à éteindre la colère des automobilistes floués, bien décidés à obtenir justice et à faire de ce scandale un cas d’école des dérives de l’industrie automobile.
Une affaire loin d’être terminée
Avec potentiellement des centaines de milliers de véhicules concernés à travers le pays et des plaintes qui continuent d’affluer chaque jour, le scandale des airbags mortels est parti pour durer. Une chose est sûre : propriétaires lésés et association de consommateurs entendent bien faire payer à Citroën et Stellantis le prix fort de leur négligence coupable. Affaire à suivre.