C’est un coup de filet d’envergure qui vient d’être réalisé par les autorités européennes dans la lutte contre l’immigration clandestine. Un vaste réseau international de trafic de migrants, opérant depuis le Bélarus et la Russie vers la Pologne, a été démantelé par les garde-frontières polonais avec le soutien d’Europol. Au total, 11 passeurs de différentes nationalités ont été interpellés.
Un réseau criminel bien rodé
D’après les informations communiquées par Europol, les migrants, principalement originaires d’Afghanistan, d’Égypte, d’Iran, d’Irak et de Syrie, se rendaient légalement au Bélarus, soit directement, soit en passant par la Russie. Le réseau criminel prenait ensuite le relais :
- Les passeurs transportaient les migrants jusqu’à la frontière polono-bélarusse, frontière orientale de l’Union européenne.
- Les migrants franchissaient alors illégalement la frontière.
- Ils étaient ensuite récupérés côté polonais par d’autres membres du réseau.
- Puis ils étaient transportés clandestinement vers d’autres pays de l’UE, principalement l’Allemagne.
Un véritable circuit bien rodé, qui aurait permis de faire passer environ 600 migrants selon les estimations d’Europol. Et une activité lucrative : le réseau réclamait 5000 euros par personne pour le passage, se faisant parfois payer en crypto-monnaie. Une fois en Pologne, chaque migrant devait débourser 500 euros supplémentaires pour rejoindre sa destination finale ailleurs dans l’UE.
Des ramifications dans plusieurs pays
Parmi les 11 passeurs arrêtés figurent des ressortissants ukrainiens, bélarusses, russes et polonais. Un réseau international avec des ramifications dans plusieurs pays donc. Un des suspects, un ressortissant russe, jouait un rôle clé. Il dirigeait une entreprise de location de voitures en Pologne, qui servait en réalité à recruter des chauffeurs et fournir des véhicules pour transporter les migrants clandestins vers d’autres pays européens.
La Pologne durcit sa politique migratoire
Ce démantèlement intervient alors que la Pologne a annoncé récemment une nouvelle stratégie migratoire plus restrictive. Varsovie veut notamment se donner la possibilité de suspendre partiellement le droit d’asile pour les migrants entrés illégalement sur son territoire. Une mesure qui vise directement les passages organisés depuis le Bélarus.
La Pologne, comme d’autres pays d’Europe orientale, accuse en effet la Biélorussie voisine et son allié russe d’orchestrer ces entrées illégales de migrants pour déstabiliser la région et l’Union européenne. Des accusations rejetées par Minsk.
Face à cette pression migratoire, Varsovie a d’ailleurs érigé une clôture à sa frontière avec le Bélarus. Un mur censé endiguer les traversées clandestines, mais qui pousse aussi les candidats à l’exil à prendre toujours plus de risques en tentant de passer par d’autres voies, avec l’aide de passeurs sans scrupules.
L’Europe toujours plus confrontée aux défis migratoires
Ce démantèlement met en lumière les défis auxquels l’Europe reste confrontée en matière de gestion des flux migratoires. Malgré le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’UE, les réseaux de passeurs continuent de prospérer, profitant de la détresse de milliers de personnes fuyant les conflits, les persécutions ou la misère.
Une situation qui divise les Européens, entre ceux qui prônent davantage de fermeté et de restrictions, à l’image de la Pologne, et ceux qui appellent à plus de solidarité et d’accueil. Un casse-tête pour l’UE, qui peine à trouver une réponse commune et concertée face à cet enjeu majeur.
La migration est un phénomène complexe qui ne peut être résolu par un seul pays. Cela requiert une approche européenne globale basée sur la solidarité et le partage des responsabilités.
– Un responsable européen
En attendant, les opérations coup de poing comme celle menée par les Polonais avec le soutien d’Europol se multiplient pour tenter de démanteler les filières, sans pour autant tarir les flux. Car tant que les causes profondes des migrations ne seront pas traitées, il y aura toujours des candidats au départ prêts à tout risquer et des réseaux criminels pour en profiter.