C’est un coup de filet d’envergure qu’a mené la gendarmerie française cette semaine. Selon une source proche de l’enquête, un vaste réseau de trafic de médicaments contenant de la prégabaline, un traitement contre les crises d’épilepsie, a été démantelé dans le centre du pays. Pas moins de 245 000 gélules, d’une valeur marchande de 750 000 euros, ont été saisies lors de l’opération qui a conduit à l’interpellation de quatre individus.
La prégabaline, une drogue détournée qui ravage les rues
Connue sous le nom commercial de Lyrica, la prégabaline est en réalité massivement détournée de son usage médical pour servir de drogue à bas coût dans la rue. Faciles à se procurer et ne coûtant que quelques euros, ces cachets sont utilisés à des fins addictives par de nombreux toxicomanes, ce qui lui vaut le triste surnom de « drogue du pauvre ».
D’après le colonel Ludovic Ehrhart, chef de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp), ces trafics de médicaments ont littéralement « explosé » ces dernières années, avec des conséquences très concrètes en termes de sécurité publique. Selon lui, la consommation abusive de prégabaline « participe aux agressions ou vols violents » de plus en plus fréquemment constatés.
Un trafic initié par le vol de deux employés
L’affaire a débuté quand des clients d’une entreprise de distribution pharmaceutique ont signalé des anomalies sur des commandes non honorées de leur traitement. L’entreprise a alors découvert que deux de ses employés avaient dérobé plus de 600 000 comprimés entre mai et août, représentant un préjudice de 300 000 euros, pour les revendre à un réseau de trafiquants de la région de Clermont-Ferrand.
Saisies records et interpellations
Lundi et mardi, 4 individus ont été interpellés après un nouveau vol de 2 palettes, soit 2 304 boîtes de prégabaline. Lors des perquisitions, les gendarmes ont mis la main sur une quantité impressionnante de produits illicites :
- 245 000 gélules de prégabaline
- Plus de 200 000 euros en liquide
- Des cigarettes de contrebande
- 4 armes à feu dont 2 fusils d’assaut
- 8 grenades
- Des centaines de munitions
- Divers stupéfiants
Vers un contrôle renforcé de la prégabaline
Si la prégabaline est prescrite contre l’épilepsie, les troubles anxieux et les douleurs neuropathiques, son mésusage peut avoir des conséquences dramatiques. Abus, dépendance, coma, troubles de la conscience, overdoses mortelles… Face à ces dangers, l’Agence nationale de sécurité du médicament a décidé en 2021 de restreindre les conditions de prescription. Désormais, le Lyrica est limité à 6 mois de traitement et délivré uniquement sur ordonnance sécurisée.
Malgré ces garde-fous, le trafic de prégabaline semble malheureusement toujours prospérer, comme en témoigne ce nouveau coup de filet. La lutte contre ces réseaux criminels organisés qui gangrènent les rues avec cette « drogue du pauvre » s’annonce encore longue pour les forces de l’ordre.