Imaginez une commune de seulement 1300 âmes qui se lance dans un projet pharaonique de 2 millions d’euros pour construire une salle polyvalente. Jusque-là, rien d’anormal, direz-vous. Mais que se passe-t-il quand, huit ans plus tard, le bâtiment n’a jamais accueilli le moindre événement et s’apprête à être démoli ? C’est précisément le cauchemar que vit actuellement La Remaudière, un village du vignoble nantais. Retour sur ce gâchis monumental d’argent public.
Un projet démesuré pour une petite commune
Tout commence en 2012 lorsque le maire de l’époque, Alan-Erwan Coraud, annonce son intention de doter la commune d’une salle polyvalente flambant neuve. L’objectif affiché ? Permettre l’organisation d’événements associatifs et privés comme des mariages, des thés dansants pour les seniors ou encore des baptêmes. Le tout en rapportant de l’argent dans les caisses municipales.
Mais très vite, l’ampleur du projet interroge. Pas moins de 1072 m² pour un village qui compte à peine plus d’habitants que de mètres carrés construits ! Le montant aussi interpelle : plus de 2 millions d’euros, soit plus de 1500 euros par habitant. Un investissement colossal pour une commune de cette taille.
Un chantier lancé malgré les doutes
Malgré les interrogations soulevées par ce projet surdimensionné, le maire décide de maintenir le cap. Les travaux sont lancés en grande pompe en 2012 et s’achèvent deux ans plus tard, en 2014. La salle polyvalente sort de terre, rutilante et pleine de promesses. Du moins, c’est ce que pensent les habitants à l’époque…
Jamais inaugurée, bientôt démolie
Car huit ans après la fin du chantier, le constat est sans appel : le bâtiment n’a jamais accueilli le moindre événement ! Pire, il s’apprête aujourd’hui à être démoli, faute d’utilité et surtout en raison de son coût d’entretien exorbitant pour la commune. Un gâchis monumental qui aura coûté plus de 2 millions d’euros aux contribuables, sans jamais leur rendre le moindre service.
C’est une gabegie sans nom. Deux millions d’euros partis en fumée pour un bâtiment qui n’aura jamais servi à rien. De l’argent public jeté par les fenêtres !
Un habitant révolté
Un gouffre financier pour les finances communales
Au-delà du gâchis en tant que tel, c’est bien la santé financière de la commune qui est aujourd’hui menacée par ce projet désastreux. Car pour financer cette salle polyvalente, la municipalité avait dû s’endetter lourdement. Une dette qu’elle doit aujourd’hui encore rembourser, alors même que le bâtiment n’a jamais rapporté le moindre centime.
Résultat : pour éviter la banqueroute, la commune doit aujourd’hui se serrer drastiquement la ceinture. Tous les investissements sont gelés, les dépenses de fonctionnement réduites au strict minimum. De quoi plomber durablement le dynamisme de ce village et le quotidien de ses 1300 habitants.
On va mettre des années à se remettre de ce fiasco. Toute la vie communale est impactée. Plus de travaux de voirie, plus de soutien aux associations… On paie au prix fort les erreurs du passé !
Une conseillère municipale
La facture salée de l’amateurisme
Pour de nombreux observateurs, ce naufrage économique est directement lié à l’amateurisme qui a entouré ce projet dès le départ. Manque d’études préalables, absence d’un véritable business plan, surestimation des besoins alors que le bassin de population était trop restreint…. Les défauts ne manquent pas pour expliquer cet échec retentissant.
C’était couru d’avance que ça ne marcherait pas. La salle était surdimensionnée, il n’y avait pas assez d’habitants aux alentours pour la rentabiliser. C’était un pari bien trop risqué pour une si petite commune.
Un expert en finances locales
Une leçon pour l’avenir ?
Reste maintenant à savoir si le fiasco de La Remaudière servira de leçon pour l’avenir. Car le cas est loin d’être isolé en France. Combien de petites communes se sont laissées emballer par des projets pharaoniques sans avoir les reins assez solides pour les assumer sur la durée ? Combien de millions d’euros d’argent public ont ainsi été engloutis dans des réalisations inadaptées aux besoins réels ?
Une chose est sûre : alors que les dotations de l’État aux collectivités ne cessent de diminuer, il est plus que jamais nécessaire pour les petites communes de faire preuve de responsabilité et de prudence dans la gestion de leur argent. Faute de quoi, c’est leur survie même qui risque d’être menacée par des projets mal calibrés et des investissements hasardeux. Le cas de La Remaudière est là pour nous le rappeler douloureusement.