En Basse-Autriche, la paroisse de Gmünd est sous le choc. Son prêtre, âgé de 38 ans, a été arrêté le 24 juillet dernier, soupçonné d’avoir fabriqué de la méthamphétamine, une drogue de synthèse hautement addictive, au sein même de son presbytère. Une affaire rocambolesque digne d’une série Netflix qui ne manque pas de faire parler dans le pays.
Du matériel de laboratoire saisi lors d’une perquisition
C’est lors d’une descente de police au domicile du prêtre que les forces de l’ordre ont fait une découverte pour le moins surprenante. Dans le presbytère, les enquêteurs ont mis la main sur de l’équipement caractéristique d’un laboratoire clandestin :
- Des précurseurs chimiques, c’est-à-dire les substances de base nécessaires à la fabrication de drogue
- Du matériel de laboratoire spécifique pour la synthèse de stupéfiants
Autant d’éléments compromettants qui ont conduit à l’arrestation immédiate du prêtre polonais, en poste dans cette paroisse depuis 2011. Placé en détention provisoire, il a rapidement avoué l’intégralité des faits qui lui étaient reprochés.
Un projet de trafic avorté ?
Si l’homme d’église a reconnu avoir cherché à produire de la méthamphétamine, les enquêteurs estiment cependant que son projet n’était pas encore totalement abouti au moment de son interpellation. Toutes les étapes nécessaires à la fabrication de cette drogue de synthèse n’auraient en effet pas été menées à leur terme.
Mais quel était le but de cette production ? S’agissait-il d’alimenter un trafic à plus grande échelle ? Le prêtre agissait-il seul ou avait-il des complices ? Autant de questions auxquelles devra répondre l’enquête, qui n’en est encore qu’à ses balbutiements.
Le diocèse sous le choc
Du côté du diocèse de Sankt Pölten, dont dépend la paroisse de Gmünd, c’est la stupéfaction. Le prêtre a été immédiatement relevé de ses fonctions et s’est vu interdire toute activité pastorale. Une mesure conservatoire dans l’attente d’en savoir plus sur cette affaire hors norme.
C’est une situation totalement inédite et profondément choquante. Nous condamnons fermement ces actes contraires à toutes les valeurs de l’Église.
– Un responsable du diocèse
Un deuxième suspect, un Irakien, a également été interpellé et placé en détention provisoire. Il aurait partiellement reconnu son implication dans ce projet de fabrication de stupéfiants. Mais de nombreuses zones d’ombre demeurent encore à ce stade de l’enquête.
Drogue et Église : des antécédents
Si l’affaire du prêtre autrichien apparaît particulièrement rocambolesque, ce n’est pourtant pas la première fois que des membres du clergé se retrouvent impliqués dans des histoires de stupéfiants :
- En 2014, un prêtre italien est arrêté pour possession et trafic de drogue
- En 2018, un évêque argentin est soupçonné de blanchir l’argent de la drogue
- En 2021, un curé belge avoue une addiction à la drogue lors d’une messe
Des affaires qui, sans atteindre le niveau de sophistication du laboratoire clandestin de Gmünd, illustrent les dérives auxquelles peuvent parfois succomber certains hommes d’Église. Reste à savoir ce que les investigations révéleront sur les motivations et les éventuelles ramifications de ce prêtre-chimiste pas comme les autres.