En plein cœur de Chinatown à New York se tramait une opération clandestine d’ampleur. Agissant dans l’ombre depuis un immeuble anodin, un soi-disant « poste de police » chinois menait en réalité des activités d’espionnage et de pression sur les dissidents pour le compte de Pékin. Cette semaine, l’un des cerveaux présumés de l’affaire, Chen Jinping, a plaidé coupable devant un tribunal fédéral, levant le voile sur ces pratiques inquiétantes.
Un homme avoue avoir agi comme agent de la Chine
Âgé de 60 ans, Chen Jinping était l’un des deux principaux suspects dans ce dossier de « poste de police » clandestin. Arrêté en avril dernier avec son comparse Lu Jianwang, il était accusé d’avoir œuvré pour les intérêts de la Chine au sein de locaux secrets, occupant tout un étage d’un immeuble de bureaux de Chinatown.
Si l’homme avait d’abord nié les faits, il a finalement changé son fusil d’épaule mercredi dernier devant le tribunal. En plaidant coupable d’avoir agi comme agent d’une puissance étrangère, Chen Jinping risque désormais jusqu’à 5 ans derrière les barreaux. Sa peine sera connue le 30 mai 2025.
Services administratifs ou répression déguisée ?
Officiellement, le « poste de police » proposait des services administratifs à la communauté chinoise locale, comme le renouvellement de permis de conduire. Mais selon l’accusation, la réalité était tout autre. Chen Jinping et son acolyte auraient en fait agi sur ordre direct de Pékin pour surveiller et faire pression sur des opposants au régime. Une méthode qui s’inscrit dans une politique plus large de répression de la dissidence par la Chine, y compris à l’étranger.
Le ministère de la Justice continuera à poursuivre quiconque prête la main aux tentatives de la République populaire de Chine de projeter sa répression à l’intérieur des Etats-Unis.
Matthew Olsen, ministre adjoint américain de la Justice chargé de la Sécurité nationale
Le phénomène croissant de la « répression transnationale »
Ce dossier met en lumière une tendance de plus en plus préoccupante : la volonté des régimes autoritaires comme la Chine d’étendre leur répression bien au-delà de leurs frontières. Un phénomène qualifié de « répression transnationale » par les défenseurs des droits humains.
L’affaire Khashoggi en 2018 avait marqué un tournant, révélant au grand jour ces pratiques. Mais selon l’ONG Safeguard Defenders, les « postes de police » secrets comme celui de New York sont monnaie courante et constitueraient l’un des principaux outils de cette stratégie.
La détermination des États-Unis à contrer l’ingérence chinoise
Face à cette menace, les autorités américaines affichent leur fermeté. Comme le souligne Matthew Olsen du ministère de la Justice, tous les moyens seront mis en œuvre pour contrecarrer les manœuvres de Pékin sur le sol américain. Le FBI assure également se tenir prêt à « se battre sur tous les fronts contre la répression transnationale » pour préserver les droits et libertés.
En attendant, les locaux secrets de Chinatown restent sous scellés depuis l’intervention des agents fédéraux en octobre dernier. Le procès de Chen Jinping apportera sans doute un nouvel éclairage sur l’étendue des opérations qui y étaient menées. Une chose est sûre : dans l’ombre, la Chine n’a pas dit son dernier mot.