Au Bangladesh, les tensions religieuses ont fait une nouvelle victime mardi lors d’affrontements entre les forces de l’ordre et les partisans d’un moine hindou controversé. D’après une source policière, un adjoint au procureur a été mortellement blessé dans des circonstances encore floues devant le tribunal de Chittagong, la deuxième ville du pays.
La situation a dégénéré après le rejet de la demande de remise en liberté de Chinmoy Krishna Das Brahmachari, un moine hindou arrêté la veille à Dacca. Porte-parole d’un groupe dénonçant les exactions contre la communauté hindoue, minoritaire au Bangladesh, il avait été placé en détention suite à une plainte l’accusant d’avoir insulté le drapeau national lors d’un rassemblement en octobre.
Violences intercommunautaires depuis la chute du régime
Les relations entre la majorité musulmane et la minorité hindoue se sont fortement dégradées depuis la chute en août du régime de l’ancienne Première ministre Sheikh Hasina, après des semaines de manifestations violentes. Dans le chaos ayant suivi sa fuite en Inde, la communauté hindoue, perçue comme un soutien de son gouvernement, a subi de nombreuses représailles.
Profitant de l’affaiblissement du pouvoir, les groupes islamistes durement réprimés sous Sheikh Hasina sont redescendus dans la rue, provoquant en réaction des contre-manifestations de groupes hindous. Un engrenage qui fait craindre une escalade des violences intercommunautaires dans ce pays d’Asie du Sud déjà marqué par de fortes tensions.
L’Inde « vivement inquiète » de la situation
L’arrestation du moine hindou a d’ailleurs suscité la « vive inquiétude » de l’Inde voisine. Dans un communiqué mardi, le ministère indien des Affaires étrangères a déploré les « nombreuses attaques visant les Hindous et d’autres minorités par des éléments extrémistes au Bangladesh » ces derniers temps.
La mort tragique de cet adjoint au procureur devant le tribunal de Chittagong illustre la dangereuse dégradation du climat social et politique au Bangladesh. Dans un contexte post-électoral tendu, la recrudescence des violences visant les minorités religieuses fait peser de lourds risques sur la stabilité et la cohésion du pays. Les autorités auront fort à faire pour apaiser les tensions et empêcher l’embrasement.