Dans une sortie inhabituelle et peu diplomatique à une semaine de l’élection présidentielle américaine, Albert Rösti, l’un des sept membres du gouvernement collégial fédéral de la Suisse, a déclaré mardi “pencher plutôt pour Trump”. Cette prise de position du ministre, membre du parti de droite radicale UDC, soulève des questions sur la neutralité de la Suisse.
Un soutien à Trump justifié par un souci de paix mondiale
Lors d’une visite dans une école à Bâle, M. Rösti a été interrogé par un élève sur sa préférence entre les candidats à la présidentielle américaine. Après avoir d’abord voulu esquiver la question, il a fini par répondre en justifiant son choix par un souci de paix mondiale :
Il est le seul président qui n’a pas conduit l’Amérique à la guerre pendant quatre ans de mandat.
Le ministre suisse, en charge de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication au sein du Conseil fédéral, a souligné que pour lui “la guerre en Ukraine ne peut pas continuer ainsi”. Cependant, il a clairement indiqué que la personnalité de Donald Trump le dérangeait, jugeant particulièrement déplacés les commentaires de l’ancien président sur les immigrants haïtiens.
Une prise de position peu diplomatique qui questionne la neutralité suisse
Selon une source proche du dossier, cette déclaration de soutien à Trump d’un membre du gouvernement suisse est jugée peu diplomatique. Si légalement rien n’interdit à un conseiller fédéral d’exprimer sa préférence, ils sont censés tenir compte des intérêts de la Suisse en matière de politique étrangère, de sa neutralité et du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres États.
Un sondage récent du magazine Nebelspalter montre qu’environ 40% des membres de l’UDC, le parti de M. Rösti qui est la première force politique du pays, partagent sa préférence pour Donald Trump. Mais la position officielle de la Suisse, rappelée lundi par la présidente de la Confédération Viola Amherd, est de respecter le choix des électeurs américains et de travailler avec le chef d’État élu démocratiquement, sans intervenir.
Le respect de la tradition diplomatique suisse en question
La sortie d’Albert Rösti tranche avec la réserve habituelle des autorités suisses sur les élections dans d’autres pays. Elle met en lumière les divergences au sein du gouvernement sur l’attitude à adopter face à des personnalités controversées comme Donald Trump.
Certains y voient un coup de canif dans la tradition de neutralité et de discrétion de la diplomatie helvétique. D’autres estiment que la Suisse ne peut rester totalement silencieuse face à des dirigeants dont les actions et déclarations heurtent ses valeurs.
Quoi qu’il en soit, cette polémique rappelle la difficulté pour un petit pays comme la Suisse de concilier ses principes de politique étrangère avec la nécessité de gérer pragmatiquement ses relations avec les grandes puissances. Un défi d’équilibriste rendu encore plus compliqué en période d’élection, lorsque les passions politiques sont exacerbées.