Une affaire hors du commun secoue actuellement le monde judiciaire et numérique français. Depuis juillet, un juge d’instruction parisien se penche sur des accusations visant X, l’ex-Twitter, pour complicité de harcèlement moral aggravé. Au cœur de cette enquête : une plainte déposée par Magali Berdah, figure incontournable du milieu des influenceurs en France.
Magali Berdah Accuse X D’avoir Permis Son Harcèlement
Magali Berdah se trouve depuis plusieurs mois en conflit avec le rappeur Booba, lui-même mis en examen en octobre dernier pour cyberharcèlement à son encontre. Mais l’entrepreneur Web ne s’arrête pas là. Elle accuse désormais la plateforme X d’avoir sciemment continué à donner accès à ses services au rappeur, lui permettant ainsi de poursuivre son harcèlement en ligne.
Ce n’est pas la première fois que Magali Berdah tente d’obtenir justice. En avril 2023, elle avait déjà porté plainte, mais l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris avait été classée sans suite, aucune infraction n’étant selon lui suffisamment caractérisée.
Vers Un Jugement Sur La Responsabilité Des Plateformes ?
Déterminée, Mme Berdah a de nouveau saisi la justice en novembre dernier, avec cette fois-ci constitution de partie civile. Un magistrat instructeur a ainsi été mandaté. Pour ses avocats, cette information judiciaire doit permettre « à la justice d’apprécier le rôle de la plateforme X dans le cyberharcèlement subi par Magali Berdah et de se prononcer sur la responsabilité pénale des plateformes ».
Une occasion rare pour la justice pénale française de statuer sur des affaires de harcèlement en ligne, qui dépassent rarement le stade des procédures. D’autant plus dans un contexte où X, depuis son rachat par Elon Musk, est régulièrement pointé du doigt pour son manque de modération.
X Aurait Ignoré Les Alertes Et Mises En Demeure
Dans le cas de Magali Berdah, le réseau social est notamment accusé par la plaignante d’avoir fait fi des alertes adressées sur sa plateforme de modération et des mises en demeure formulées par ses avocats. Des manquements qui auraient eu lieu avant et après le rachat par Elon Musk.
Mais les critiques sur le manque de modération de X ne datent pas d’hier. Dès 2020, six associations françaises avaient assigné le réseau en justice. En mars 2023, la Cour de cassation l’a finalement condamné à détailler ses moyens de lutte contre la haine en ligne.
1200 Modérateurs Licenciés Depuis Le Rachat Par Elon Musk
Des accusations qui se sont multipliées depuis l’arrivée d’Elon Musk à la tête de l’entreprise. D’après le régulateur australien, pas moins de 1200 personnes en charge de la modération des contenus auraient été licenciées par le milliardaire.
L’enquête ouverte à Paris sera donc scrutée avec attention. Au-delà du sort de Magali Berdah, elle pourrait bien créer un précédent sur la responsabilité des réseaux sociaux face au cyberharcèlement. Et pousser ces géants du web à revoir en profondeur leurs politiques de modération.