C’est un coup dur pour l’une des principales réformes de l’immigration de l’administration Biden. Ce jeudi, un juge fédéral au Texas a révoqué un programme visant à simplifier l’obtention d’un statut légal aux États-Unis pour les conjoints de citoyens américains. Cette mesure, baptisée “Keeping Families Together” (“Garder les familles ensemble”), a été jugée contraire aux lois américaines sur l’immigration.
Un juge nommé par Trump à l’origine de la décision
Le juge fédéral J. Campbell Barker, qui a pris cette décision, n’est pas neutre politiquement. Il a été nommé par l’ancien président Donald Trump au cours de son premier mandat. Ce magistrat avait déjà suspendu à deux reprises ce programme depuis le mois d’août, suite à une procédure engagée par les procureurs généraux républicains de 16 États américains contestant la politique migratoire de l’administration démocrate.
Si un appel reste possible, l’élection probable de Donald Trump lors de la présidentielle de 2024 rend peu probable l’aboutissement d’une telle procédure. En effet, la lutte contre l’immigration a été le thème central de la campagne du milliardaire républicain, dans un climat de plus en plus hostile aux migrants.
Une mesure qui visait à faciliter le regroupement familial
Annoncée en juin par Joe Biden, cette réforme de l’immigration avait pour but de simplifier l’accès à la citoyenneté pour environ un demi-million d’immigrants mariés à des ressortissants américains. Les nouvelles mesures devaient alléger les procédures pour les personnes remplissant déjà les critères pour obtenir la résidence permanente.
Le programme concernait les individus présents sur le territoire américain depuis au moins dix ans et mariés à un citoyen des États-Unis avant le 17 juin 2024. Environ 50 000 enfants par alliance de citoyens américains étaient également éligibles. Une fois leur demande approuvée, les bénéficiaires obtenaient un permis de travail et le droit de rester légalement aux États-Unis pendant une période pouvant aller jusqu’à trois ans, le temps de faire une demande de carte verte.
Des États républicains mettent en avant le coût pour les finances publiques
Les 16 États à l’origine du recours en justice contre cette politique migratoire affirmaient que celle-ci coûtait des millions de dollars aux services publics, notamment en matière de santé, d’éducation et de maintien de l’ordre. Selon eux, les immigrés concernés pèseraient lourdement sur les finances des États.
Les défenseurs de la réforme dénoncent une décision politique motivée par des considérations électoralistes, au détriment de la réunification des familles et de l’intégration des immigrés dans la société américaine.
Pour beaucoup d’observateurs, cette nouvelle décision de justice illustre la polarisation extrême du débat sur l’immigration aux États-Unis. Entre une administration démocrate cherchant à humaniser le système et des républicains prônant une ligne dure, il semble de plus en plus difficile de trouver un terrain d’entente. Et ce sont les immigrés et leurs familles qui en font les frais.
Avec la probable victoire de Donald Trump en 2024, c’est tout l’avenir de la politique migratoire américaine qui est en jeu. Le milliardaire républicain, qui a fait de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille, pourrait bien enterrer définitivement les timides avancées de l’ère Biden. Un scénario inquiétant pour tous ceux qui rêvent encore de l’Amérique comme d’une terre d’accueil.