La liberté d’expression est une nouvelle fois mise à mal au Vietnam. Huy Duc, une figure respectée du journalisme indépendant dans le pays, a été arrêté samedi pour avoir “abusé des libertés démocratiques” dans des publications sur Facebook critiquant le gouvernement, selon la police. Cette affaire soulève des questions préoccupantes sur le musellement des voix dissidentes et la censure des réseaux sociaux par le régime communiste vietnamien.
Un journaliste réputé ciblé pour ses critiques sur Facebook
Âgé de 62 ans, Huy Duc est un journaliste chevronné ayant collaboré avec plusieurs grands titres de presse vietnamiens. En 2009, il avait déjà été licencié d’un journal pour avoir osé critiquer l’ex-allié soviétique du Vietnam. Plus récemment, il s’était attaqué sur Facebook à de hauts dirigeants comme le président To Lam et le secrétaire général du Parti communiste Nguyen Phu Trong.
Ces prises de position lui ont valu d’être incarcéré dans le cadre d’une enquête pour atteinte présumée aux “intérêts de l’État” et aux “droits légitimes” d’organisations et d’individus. Une accusation aux contours flous, régulièrement utilisée pour réprimer toute voix critique.
Une liberté d’expression sévèrement restreinte
Le Vietnam, où le pouvoir est concentré dans les mains du Parti communiste, exerce un contrôle strict sur la liberté d’expression. Il figure à une peu reluisante 174e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. C’est également l’un des pays qui emprisonne le plus de journalistes au monde.
Les articles du journaliste indépendant Huy Duc sont une source inestimable d’informations permettant aux Vietnamiens d’accéder à des informations (autrement) censurées par le régime de Hanoï.
Cédric Alviani, directeur de RSF pour l’Asie-Pacifique
Un durcissement de la répression dénoncé
Des défenseurs des droits humains accusent les autorités vietnamiennes d’avoir accentué la répression contre la société civile ces dernières années :
- Des milliers de personnes, y compris des responsables gouvernementaux et des chefs d’entreprise, ont été appréhendées lors de vastes purges anti-corruption.
- Les voix critiques, notamment sur les réseaux sociaux, sont de plus en plus ciblées et réduites au silence.
Huy Duc lui-même avait écrit en mai, de manière prémonitoire : “Aucun pays ne peut se développer durablement en s’appuyant sur la peur”. Son arrestation illustre malheureusement la volonté du régime vietnamien d’étouffer toute contestation, même pacifique, en bafouant le droit fondamental à la liberté d’expression.
Une mobilisation internationale nécessaire
Face à cette dérive liberticide, une pression internationale sur le Vietnam apparaît plus que jamais nécessaire. RSF a appelé à la libération immédiate du journaliste, mais au-delà, c’est un changement en profondeur des pratiques du régime qui doit être exigé pour garantir les droits humains fondamentaux.
L’affaire Huy Duc doit sonner comme un signal d’alarme. La communauté internationale et la société civile ne peuvent rester silencieuses face au verrouillage croissant de l’espace public et médiatique au Vietnam. Car comme l’a si justement écrit ce journaliste courageux, sans liberté, il ne peut y avoir de véritable développement.
