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Un Jordanien libéré après 38 ans dans les prisons syriennes

Après 38 ans dans l'enfer des prisons syriennes, un Jordanien retrouve la liberté mais perd la mémoire. Son incroyable histoire et le sort des autres détenus étrangers...

Après avoir passé plus de la moitié de sa vie enfermé dans les sinistres prisons syriennes, un ressortissant jordanien a finalement pu regagner son pays natal. Mais cette liberté a un goût amer, car durant ses 38 années de détention, il a perdu la mémoire et une partie de lui-même.

Un destin brisé derrière les barreaux

D’après des sources proches du dossier, Oussama Béchir Hassan al-Bataynah n’avait que 18 ans lorsqu’il a été arrêté et jeté dans les geôles du régime syrien en 1986. Depuis ce jour funeste, sa famille est restée sans nouvelles, ignorant s’il était vivant ou mort. Pendant près de quatre décennies, il a été soumis à l’enfer carcéral syrien, connu pour ses conditions inhumaines et la torture systématique des détenus.

Son calvaire a pris fin de manière inattendue avec la chute du régime de Bachar al-Assad ce dimanche. Les rebelles, menés par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ont pris le contrôle de Damas et libéré les prisonniers. C’est ainsi qu’Oussama a été retrouvé, vivant mais amnésique, l’esprit et le corps brisés par cette épreuve interminable.

Le cauchemar des prisons syriennes

Les geôles syriennes, en particulier celle de Saydnaya près de Damas, étaient de véritables mouroirs où régnaient la terreur et la souffrance. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 100 000 personnes y ont péri depuis 2011, notamment sous la torture. Amnesty International parle d’une « politique d’extermination » et qualifie Saydnaya d' »abattoir humain ».

Les détenus subissaient les pires sévices et tortures. Sur les 30 000 prisonniers recensés à Saydnaya en 2022, seuls 6 000 ont été relâchés.

OSDH

Un long chemin vers la guérison

Malgré sa libération, le chemin sera long pour Oussama avant de retrouver une vie normale. Transféré au poste-frontière de Jaber entre la Syrie et la Jordanie dans un état d’inconscience, il a été pris en charge par les autorités jordaniennes et remis à sa famille.

Son histoire rappelle celle d’autres prisonniers étrangers comme le Libanais Souheil Hamawi, lui aussi rentré au pays après 33 ans de détention. Leur libération soulève l’espoir pour les proches des 236 Jordaniens encore emprisonnés en Syrie selon l’Organisation arabe des droits de l’Homme.

Une tragédie humaine qui interpelle

Au-delà de l’émotion suscitée par le destin d’Oussama, son histoire met en lumière l’ampleur des crimes commis dans les prisons du régime syrien. Des milliers d’innocents ont été enfermés, torturés et tués dans l’indifférence internationale pendant des années.

Alors que la Syrie entre dans une nouvelle ère, il est crucial que la communauté internationale se mobilise pour que les responsables de ces atrocités répondent de leurs actes. Les victimes et leurs familles ont droit à la vérité, à la justice et à la reconnaissance de leurs souffrances.

Le cauchemar vécu par Oussama et tant d’autres ne doit pas être oublié. Il doit au contraire servir de catalyseur pour bâtir une Syrie réconciliée, où plus jamais de tels crimes ne pourront être commis en toute impunité. Seule la mémoire et la détermination à rendre justice permettront de panser les plaies et d’honorer les victimes.

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