Un acte de vandalisme particulièrement choquant vient d’être jugé à Marseille. Un homme de 43 ans a été condamné mardi à 5 ans de prison, dont 3 ferme, pour avoir dégradé en novembre dernier une stèle commémorative en hommage aux victimes d’attentats. Une peine exemplaire qui suscite de vives réactions.
Les faits : une stèle saccagée en pleine nuit
La stèle visée par cet acte de vandalisme avait été érigée en 2018 sur le parvis de la gare Saint-Charles, principal nœud ferroviaire de Marseille. Sur ce monument, une plaque portait l’inscription « À la mémoire des victimes des attentats terroristes ». Dans la nuit du 10 au 11 novembre 2024, cette plaque a été dérobée et le socle de la stèle, orné d’un drapeau français, a été endommagé par le feu.
Ce lieu n’avait pas été choisi au hasard. C’est précisément à cet endroit que deux jeunes cousines, Laura et Mauranne, avaient été assassinées à coups de couteau le 1er octobre 2017 par un ressortissant tunisien. Un attentat revendiqué par le groupe État Islamique, même si aucun lien direct n’avait pu être établi.
L’auteur rapidement identifié grâce à la vidéosurveillance
Très vite après la découverte des dégradations, les caméras de surveillance installées sur le parvis de la gare ont permis d’identifier le coupable, un homme d’une quarantaine d’années. Interpellé par les forces de l’ordre, il a été placé en détention provisoire dans l’attente de son procès qui s’est tenu ce mardi.
Jugé pour vol et dégradation de bien public
Devant le tribunal, le prévenu devait répondre de deux chefs d’accusation : « vol d’un bien culturel relevant du domaine public mobilier » d’une part et « dégradation ou détérioration du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes » d’autre part. Des faits passibles de lourdes peines.
Après délibération, les juges ont décidé de condamner cet homme sans domicile fixe à 5 ans d’emprisonnement dont 3 ans ferme. Une peine conforme aux réquisitions du parquet qui avait demandé 5 ans de prison.
Les arguments de la défense n’ont pas convaincu
Durant le procès, l’avocat du prévenu, Me Kevin Lefebvre-Goirand, a tenté de minimiser la gravité des faits. Selon lui, ces dégradations étaient « davantage un appel au secours, qu’un appel à la haine », venant d’un homme « complètement désocialisé, marginalisé ». Des arguments qui n’ont visiblement pas convaincu les magistrats au vu du verdict rendu.
Un acte unanimement condamné
Cet acte de vandalisme contre un monument dédié à la mémoire des victimes du terrorisme a suscité une large réprobation, bien au-delà de Marseille. Benoît Payan, le maire de la cité phocéenne, avait rapidement dénoncé un acte « lâche et abject » et promis que la stèle serait restaurée dans les plus brefs délais.
De nombreuses associations de victimes se sont également émues de cette profanation. « Rien ne peut justifier de s’en prendre à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie dans ces attaques ignobles. C’est indigne et révoltant », a réagi Guillaume Denoix de Saint Marc, directeur de l’Association française des Victimes du Terrorisme (AFVT).
Une stèle déjà vandalisée par le passé
Ce n’est malheureusement pas la première fois que ce monument fait l’objet de dégradations. En août 2022, des tags avaient déjà été découverts sur le socle de la stèle, suscitant un vif émoi. Les auteurs n’avaient alors pas été retrouvés.
Cette récidive pose la question de la sécurisation du site. La mairie assure que des rondes sont effectuées régulièrement par la police municipale. Mais beaucoup jugent ces mesures insuffisantes et réclament une présence permanente pour assurer la protection de ce lieu de recueillement.
Des travaux de restauration rapidement engagés
Dès le lendemain du verdict, la ville de Marseille a annoncé le lancement des travaux de remise en état de la stèle vandalisée. La plaque commémorative dérobée sera remplacée à l’identique et les traces de brûlures effacées.
La mémoire de Laura, Mauranne et de toutes les victimes du terrorisme mérite notre respect le plus absolu. Nous ferons toujours tout pour la défendre.
Yannick Ohanessian, adjoint au maire de Marseille chargé de la tranquillité publique
Les réparations devraient être achevées d’ici fin février, promet la mairie. D’ici là, une bâche avec une photo de la stèle a été installée, en signe de « réparation symbolique ».
Une cérémonie d’hommage prévue en mars
Une fois les travaux terminés, une cérémonie sera organisée pour inaugurer la stèle restaurée, en présence des familles des victimes. Ce moment de recueillement est prévu le 1er mars, soit un peu plus de 6 ans après l’attentat qui avait coûté la vie à Laura et Mauranne.
Cet événement sera aussi l’occasion de délivrer un message de fermeté face à ceux qui s’en prennent aux symboles de la Nation. « Aucun acte attentatoire à la mémoire des victimes ne restera impuni », martèle Yannick Ohanessian. Un avertissement qui vaut pour la stèle de Marseille comme pour tous les autres mémoriaux de France.
En conclusion
Le procès du vandale de la stèle de Marseille a été l’occasion d’envoyer un signal clair. S’attaquer à la mémoire des victimes du terrorisme, c’est s’exposer à des sanctions sévères, quelles que soient les motivations invoquées. Une peine de prison ferme qui se veut dissuasive.
Mais au-delà de la réponse pénale, c’est une vigilance de tous les instants qui doit s’exercer pour que plus jamais de tels actes ne se reproduisent. Car derrière chaque stèle profanée, ce sont des familles meurtries qu’on blesse à nouveau. Préserver ces lieux de mémoire, c’est notre responsabilité collective.