Les faits se sont déroulés le 1er juillet dernier à Auxy, près d’Autun en Saône-et-Loire. Un homme de 31 ans s’est introduit au milieu de la nuit dans la chambre d’un couple endormi. Armé d’une machette, il les a d’abord gazés avant de porter plusieurs coups violents à l’homme, lui infligeant 3 semaines d’incapacité totale de travail (ITT). Sa compagne, bien que physiquement moins touchée avec 1 mois d’ITT, a subi un choc psychologique majeur face à cette agression d’une rare violence.
Un mobile lié à la “magie noire”
Mais au-delà de la brutalité des faits, c’est le mobile invoqué par l’agresseur qui interpelle. Lors de sa garde à vue, l’homme a en effet expliqué avoir agi pour être «délivré d’un sort de magie noire» que la victime masculine lui aurait jeté. Selon son avocat Maître Leplomb, le mis en cause est persuadé que ce «sort» met gravement sa santé en danger, au point de craindre d’en mourir dans les mois à venir.
Cette conviction semble si ancrée chez lui qu’il a même demandé au tribunal d’ordonner l’exploitation des téléphones des victimes «pour déterminer s’ils ont jeté des sorts à d’autres personnes». Une requête pour le moins inhabituelle qui interroge sur l’état mental du prévenu.
Des explications “un peu irrationnelles” pour la justice
Si son avocat a sollicité une expertise psychiatrique, le vice-procureur est resté plus mesuré, estimant que seule la partie sur la magie noire dans les déclarations du mis en cause était «un peu irrationnelle». Pour le magistrat, la gravité des faits et le risque de réitération justifient un maintien en détention provisoire, d’autant que l’homme n’a ni emploi ni attaches familiales stables.
Son avocate a toutefois nuancé ce dernier point, indiquant que son client vivait en couple et n’était donc pas totalement isolé. Elle espère que l’audience permettra de faire toute la lumière sur «cette histoire de magie noire» et ainsi apaiser les craintes de son client qui compte sur la justice pour le protéger de ce «sort».
Au-delà d’un fait divers, des questions de société
Au-delà de son apparente singularité, cette affaire met en lumière certaines problématiques plus larges. Elle soulève en premier lieu la question de la prise en charge des personnes souffrant de troubles psychiatriques, dont les délires peuvent parfois avoir des conséquences dramatiques. L’accès à des soins adaptés apparaît crucial pour prévenir ce type de passage à l’acte.
Le dossier interroge aussi sur la persistance de certaines croyances occultes au sein de la société et leur impact psychologique sur des individus fragiles. Au-delà de l’irrationnel, ces peurs sont bien réelles pour ceux qui les ressentent et peuvent nourrir un sentiment de persécution aux effets dévastateurs.
Enfin, on ne peut ignorer la dimension de violences conjugales qui se cache potentiellement derrière ce geste, l’agresseur connaissant visiblement ses victimes et invoquant une «querelle amoureuse» comme l’un des éléments déclencheurs. Un contexte qui vient malheureusement trop souvent s’ajouter aux faits de violences.
Cette affaire hors norme devra donc être abordée dans toute sa complexité par la justice. Si la santé mentale du mis en cause sera au cœur des débats, l’enquête devra aussi déterminer d’éventuels autres facteurs ayant pu influencer son geste. Car derrière l’apparente folie d’un homme se cachent parfois des failles individuelles mais aussi collectives.
