Un jeune homme de 26 ans a été interpellé mardi à Eysines en Gironde, soupçonné d’avoir planifié une tuerie de masse à Bordeaux. Proche de la mouvance misogyne des « Incels », ces célibataires involontaires, il aurait envisagé de passer à l’acte le 23 mai, jour du passage de la flamme olympique dans la ville. Une menace terroriste qui révèle une fois de plus la dangerosité de ces réseaux extrémistes.
Un projet d’attentat déjoué de justesse
C’est un signalement sur la plateforme Pharos qui a permis de détecter le profil inquiétant de cet individu et son potentiel de passage à l’acte violent. Dans un message faisant l’apologie du tueur de masse Elliot Rodger, il évoquait le funeste anniversaire de la tuerie de Californie perpétrée par ce dernier le 23 mai 2014. Les forces de l’ordre ont agi rapidement pour identifier et localiser le suspect.
Lors de son interpellation, un revolver factice, des téléphones et un ordinateur ont été saisis à son domicile. En garde à vue, le jeune homme a reconnu avoir envisagé un passage à l’acte, sans pour autant déterminer de cible précise. Un projet qu’il justifie par une agression subie récemment. L’enquête antiterroriste devra faire toute la lumière sur ses véritables intentions et son degré de détermination.
La mouvance toxique des « Incels »
Si aucun trouble mental n’a été décelé chez le suspect lors de son expertise psychiatrique, son appartenance assumée au mouvement des « Incels » interroge. Cette sous-culture en ligne, abréviation de l’anglais « involuntary celibates », rassemble des hommes se considérant comme injustement privés de relations amoureuses et sexuelles par les femmes. Un ressentiment qui peut dériver vers une misogynie violente et un désir de vengeance sur la société.
Les « Incels » estiment que des relations sexuelles leur seraient dues. Leur idéologie nauséabonde déshumanise les femmes.
Valérie Rey-Robert, autrice et militante féministe
Bien que qualifié de « fragile psychologiquement » par son entourage, le profil du jeune Girondin montre surtout sa sensibilité à ces discours de haine. Plusieurs attaques meurtrières ces dernières années ont été revendiquées par cette mouvance ou en ont été inspirées, de la tuerie de Toronto en 2018 à celle de Plymouth en 2021. Un phénomène de radicalisation en ligne qui inquiète de plus en plus les autorités.
Mieux prévenir les risques de passage à l’acte
Si le pire a été évité à Bordeaux grâce à la vigilance citoyenne, ce énième projet d’attentat déjoué pose la question de la prévention. Comment mieux repérer et neutraliser en amont ces profils isolés mais potentiellement dangereux, avant qu’ils ne basculent dans la violence ? Une gageure pour les services de renseignement, alors que la menace se fait plus diffuse et endogène.
- Surveiller les réseaux sociaux et forums, véritables incubateurs de l’extrémisme
- Prendre au sérieux les signalements des proches et internautes
- Approfondir le suivi des personnes radicalisées ou présentant des troubles
- Renforcer les moyens des cellules de prévention de la radicalisation
Cet inquiétant fait divers rappelle la nécessité d’une mobilisation de tous dans la lutte antiterroriste. Si le suspect a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, le parquet a fait appel de cette décision, réclamant son placement en détention provisoire. Affaire à suivre donc, pour ce nouveau visage du terrorisme toujours plus ardu à endiguer.