Dans les territoires ukrainiens annexés par la Russie, la répression s’intensifie à l’encontre de ceux considérés comme des traîtres. Un tribunal militaire russe vient de condamner un habitant de la région de Lougansk à une lourde peine de 16 ans de prison pour « haute trahison » au profit de l’Ukraine. Un cas emblématique de la pression exercée sur les opposants à l’offensive russe.
Une « haute trahison » sévèrement sanctionnée
Cet homme, dont l’identité n’a pas été dévoilée, a été jugé coupable d’avoir transmis des informations militaires aux services spéciaux ukrainiens (SBU). Selon la branche locale du FSB, le service de sécurité russe, dans la région de Lougansk, il a notamment été condamné pour complicité dans des activités terroristes, en plus de la haute trahison.
Le tribunal de Rostov-sur-le-Don, dans le sud-ouest de la Russie, a prononcé une peine particulièrement sévère : 16 ans de détention dans un camp à régime sévère. Une vidéo diffusée par l’agence TASS montre l’arrestation de l’homme et ses supposés aveux, où il affirme avoir été recruté par des agents du SBU et avoir reçu des explosifs de leur part.
Un autre condamné se suicide en détention
Dans une affaire similaire, un autre homme, Roman Chvedov, 39 ans, a été condamné cette semaine par ce même tribunal à 16 ans de prison pour « terrorisme ». Il était accusé d’avoir incendié une administration dans la région de Rostov, en protestation contre l’offensive russe en Ukraine et la mobilisation de septembre 2022. Tragiquement, il s’est suicidé dans sa cellule mercredi, après le verdict, selon l’administration pénitentiaire locale citée par le média indépendant Mediazona.
Multiplication des procès depuis le début de la guerre
Depuis le lancement de l’offensive russe en Ukraine en février 2022, les procès pour « trahison », « terrorisme », « sabotage » ou « espionnage » se sont multipliés en Russie, avec systématiquement de très lourdes peines à la clé. Des milliers de personnes ont été sanctionnées ou emprisonnées pour leur opposition au conflit. Selon des ONG et médias indépendants, les services de sécurité russes peuvent avoir recours à la torture ou à des menaces pour extorquer des aveux.
Poutine appelle à traquer les « traîtres » et « saboteurs »
Dans un message vidéo diffusé vendredi à l’occasion de la fête professionnelle des services de sécurité russes, le président Vladimir Poutine a salué leur travail et les a exhortés à redoubler d’efforts : « Il faut enrayer le travail des services spéciaux étrangers, lutter activement contre ceux qui organisent des sabotages, des actes terroristes, détecter des espions et des traîtres », a-t-il martelé, promettant de nouvelles purges.
Une annexion contestée et une répression implacable
La région de Lougansk, comme celle de Donetsk, Zaporijia et Kherson, a été officiellement annexée par la Russie en septembre dernier à l’issue de « référendums » dénoncés par Kiev et la communauté internationale. Moscou y mène depuis une politique de russification à marche forcée, tout en traquant sans relâche les voix dissidentes accusées de trahison ou de collusion avec l’ennemi ukrainien. Une stratégie destinée à étouffer toute contestation de la mainmise russe sur ces territoires.
Cette nouvelle condamnation illustre l’implacable répression qui s’abat sur les opposants à l’offensive russe dans les zones annexées. Alors que le conflit s’enlise et que le mécontentement gronde en Russie, le pouvoir semble déterminé à faire taire par tous les moyens ceux qui osent défier son autorité et remettre en cause le bien-fondé de cette guerre. Une dérive autoritaire qui soulève de vives inquiétudes quant au sort réservé aux populations de ces régions ukrainiennes sous occupation.