Selon une source proche du dossier, un important groupe rebelle ethnique birman a dépêché une délégation en Chine dans le but de mener des négociations avec le gouvernement chinois. Cette initiative intervient alors que la Chine, principal allié de la junte au pouvoir en Birmanie depuis 2021, s’efforce de mettre un terme aux affrontements qui font rage le long de sa frontière méridionale.
Le colonel Naw Bu, porte-parole de l’Armée pour l’indépendance kachin (KIA), a confirmé le départ d’une délégation dimanche, à l’invitation des autorités chinoises. Bien qu’il n’ait pas souhaité s’étendre sur le contenu des discussions ni sur le lieu où elles se déroulent, cette démarche témoigne de l’implication croissante de la Chine dans le conflit birman.
Une année marquée par l’intensification des combats
L’année écoulée a été le théâtre d’affrontements accrus entre certains groupes rebelles et la junte dans le nord de la Birmanie, une région clé dans le projet chinois des « Nouvelles routes de la soie ». Lundi encore, les combattants de la KIA se sont heurtés aux troupes de la junte dans la ville de Bhamo, faisant usage de frappes aériennes et d’attaques d’artillerie pour protéger leurs bases, selon Naw Bu.
La KIA, un acteur majeur de la rébellion
Forte d’environ 7 000 combattants, la KIA lutte depuis des décennies contre l’armée pour l’autonomie et le contrôle des ressources dans l’État de Kachin, au nord du pays. Cette région abrite d’importants gisements de jade et de matériaux rares, dont la plupart sont exportés vers la Chine.
D’autres groupes rebelles prêts à négocier
Au cours des dernières semaines, deux autres groupes rebelles birmans de l’État voisin de Shan ont fait part de leur volonté de participer à des négociations de paix sous médiation chinoise, avec la participation de la junte. Une initiative saluée par la Chine, qui souhaite aider le régime birman à mieux contrôler son territoire, selon des analystes.
Une mosaïque de groupes rebelles
La Birmanie compte une douzaine de groupes rebelles ethniques qui luttent contre l’armée depuis des décennies pour l’autonomie et le contrôle de ressources lucratives, comme le jade, le bois et l’opium. Certains d’entre eux, dont la KIA, l’Armée de l’Alliance Démocratique Nationale de Birmanie et l’Armée de Libération Nationale Ta’ang, ont offert refuge et formation aux nouvelles « Forces de Défense du Peuple » apparues pour lutter contre l’armée après le coup d’État de 2021.
La Chine cherche à stabiliser sa frontière avec la Birmanie et à protéger ses intérêts économiques dans la région. En jouant les médiateurs, elle espère parvenir à un règlement du conflit qui lui soit favorable.
– Un expert de la région sous couvert d’anonymat
Les enjeux pour la Chine
En accueillant ces pourparlers, la Chine poursuit plusieurs objectifs :
- Sécuriser sa frontière sud et mettre fin aux combats qui menacent ses projets d’infrastructures
- Renforcer son influence auprès de la junte birmane et des groupes rebelles
- Protéger ses intérêts économiques dans les régions riches en ressources naturelles
- Éviter un afflux de réfugiés sur son territoire en cas d’aggravation du conflit
Si les détails des négociations restent confidentiels, leur issue pourrait avoir un impact décisif sur l’évolution de la situation en Birmanie. Entre volonté de stabilisation et jeux d’influence, la Chine s’impose comme un acteur incontournable dans la résolution de ce conflit complexe aux multiples ramifications.