Le paysage géopolitique du Moyen-Orient pourrait connaître un nouveau bouleversement. Alors que les rebelles syriens, emmenés par des groupes islamistes, viennent de s’emparer en un temps record de la métropole d’Alep, un influent groupe armé irakien pro-iranien appelle Bagdad à dépêcher des troupes chez son voisin. Une demande explosive tant pour l’Irak que pour l’ensemble de la région.
L’Irak sommé d’intervenir en Syrie
C’est via un communiqué relayé sur les réseaux sociaux qu’un porte-parole des Brigades du Hezbollah, puissante milice irakienne pro-iranienne, a pressé les autorités de Bagdad d’envoyer des forces armées en Syrie. L’objectif : épauler le régime de Bachar al-Assad face à l’offensive éclair des rebelles qui viennent de prendre le contrôle d’Alep, deuxième ville du pays.
D’après une source proche du dossier, le communiqué souligne que ces groupes rebelles « représentent une menace sur la sécurité nationale de l’Irak ». Un argument qui fait écho aux craintes irakiennes de voir la situation sécuritaire se détériorer à nouveau, comme lors de la percée fulgurante de l’État Islamique en 2014 qui avait vu les djihadistes s’emparer d’un tiers du pays.
Bagdad entre deux feux
Pour Bagdad, répondre favorablement à cet appel s’avère un véritable casse-tête. D’un côté, l’Irak ne peut ignorer la menace sécuritaire à sa porte, encore traumatisé par les années noires de l’EI. De l’autre, une intervention en Syrie risquerait de l’entrainer dans le bourbier syrien et de tendre encore plus ses relations avec son puissant voisin turc, farouche opposant au régime de Damas.
Selon des analystes, l’Irak joue là une partition délicate, pris en étau entre les intérêts divergents de ses deux parrains, les États-Unis et l’Iran, qui s’opposent en Syrie par milices interposées. Une équation d’autant plus complexe que Bagdad s’efforce depuis des mois de normaliser ses relations avec Damas, au grand dam de Washington.
Une région sous haute tension
Au-delà de l’Irak, c’est toute la région qui retient son souffle face à ce regain de tensions. Le Premier ministre irakien, dans une posture d’équilibriste, a assuré Damas de son « soutien » tout en annonçant des renforts à sa frontière. Côté syrien, l’armée a intensifié ses frappes sur les positions rebelles avec l’appui de l’aviation russe, faisant craindre une escalade meurtrière.
Cette situation pourrait dégénérer en un nouveau bras de fer régional impliquant une kyrielle d’acteurs aux agendas contradictoires.
– Un diplomate occidental en poste dans la région
Car en arrière-plan se joue aussi une guerre d’influence entre puissances régionales, l’Iran chiite voyant d’un très mauvais œil la poussée de fièvre des rebelles soutenus par la Turquie et les pétromonarchies du Golfe. Une partie d’échecs géopolitique où la Syrie fait figure d’échiquier grandeur nature.
Alep, verrou stratégique
La chute express d’Alep aux mains des insurgés a sonné comme un coup de tonnerre. Véritable verrou stratégique du nord syrien, la ville était jusqu’ici un bastion du régime. Sa perte ébranle les fondations déjà fragiles du pouvoir de Bachar al-Assad et offre aux rebelles une base arrière de choix, à proximité de la frontière turque.
- Carrefour commercial historique
- Deuxième ville de Syrie
- Proche de la Turquie
- Fief industriel majeur
La bataille d’Alep pourrait donc faire basculer le rapport de force et ouvrir un nouveau chapitre sanglant du conflit syrien, au risque d’un embrasement régional. Une réalité qui pousse aujourd’hui un acteur de poids comme l’Irak à envisager une intervention directe. Preuve s’il en est que dix ans après le début du soulèvement anti-Assad, la Syrie reste une poudrière dont les soubresauts ne cessent d’ébranler tout le Moyen-Orient.
