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Un grand lac bosnien presque à sec après une année sans pluie

Le majestueux lac de Jablanica en Bosnie se retrouve en situation critique après une année marquée par une sécheresse record. Les habitants et le secteur touristique sont très inquiets face à ce phénomène alarmant, qui pourrait être lié au dérèglement climatique...

C’est une scène désolante qui s’offre aux yeux des habitants d’Ostrozac, une petite localité bosnienne nichée au bord du majestueux lac de Jablanica. Après une année marquée par des précipitations extrêmement faibles, une grande partie de ce plan d’eau habituellement si vivant se retrouve aujourd’hui à sec, suscitant l’inquiétude et l’incrédulité. « Le climat a changé, certes, mais ça, c’est effrayant! », s’alarme Saliha Kuljanin, une résidente de 68 ans.

Situé entre les villes de Konjic et Jablanica, dans le sud de la Bosnie, ce petit coin de paradis avait vu fleurir ces dernières années une activité touristique florissante. Les riverains proposaient hébergements pittoresques et balades en bateau sur les eaux émeraude du lac. Mais aujourd’hui, l’étendue d’eau a laissé place à un paysage lunaire, parsemé de dizaines de bateaux échoués dans la vase.

Un phénomène sans précédent

Saliha Kuljanin, qui a toujours vécu ici, n’a jamais rien vu de tel. Elle montre du doigt la plage au pied de la maison de son cousin, normalement recouverte d’eau, où des tremplins ont été installés. La surface du lac se trouve maintenant plusieurs dizaines de mètres en contrebas. « Je ne sais pas ce qui se passe », confie-t-elle, désemparée, tout en s’interrogeant sur le rôle qu’ont pu jouer les turbines de la centrale hydroélectrique de Jablanica, située en aval.

Un hiver sans neige, un été caniculaire

Mais selon l’entreprise publique d’électricité qui gère la centrale, le seul responsable de cette situation catastrophique est le manque cruel de précipitations. Fahrudin Tanovic, directeur exécutif chargé de la production, explique :

Comme il n’y a pas eu de neige l’hiver dernier, l’afflux dans la retenue au printemps a été peut-être à son débit le plus bas depuis l’existence du lac.

Un été particulièrement sec a suivi, obligeant la centrale à tourner au ralenti pour ne pas compromettre la saison touristique. Malgré cela, le niveau du lac se situe actuellement environ 12 mètres en dessous du minimum souhaitable.

Le spectre du changement climatique

Ce phénomène alarmant semble malheureusement s’inscrire dans une tendance globale. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la multiplication des sécheresses intenses et des inondations extrêmes à travers le monde, y voyant un « avant-goût » des perturbations à venir liées au dérèglement climatique.

Pour M. Tanovic, le cas de Jablanica illustre parfaitement ce nouveau régime de précipitations erratiques :

Nous avons de plus en plus souvent de grandes quantités de pluie en très peu de temps et sur une toute petite zone. Et ça ne remplit pas la retenue d’eau.

Les inondations meurtrières qui ont frappé la région début octobre, causant la mort de 27 personnes, en sont une triste illustration. Face à ces bouleversements, c’est tout un écosystème et une économie locale qui se retrouvent menacés. Les habitants d’Ostrozac et des environs retiennent leur souffle, espérant que leur lac retrouvera un jour ses eaux turquoise et son attrait touristique. Mais dans un monde où le climat semble de plus en plus imprévisible, rien n’est moins sûr…

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