Un festival LGBT+ se retrouve au cœur d’une polémique après qu’une membre de son jury, Julia Layani, ait accusé plusieurs autres jurés d’antisémitisme. Suite à ces allégations, la région Île-de-France a décidé de suspendre sa subvention à l’événement, suscitant l’indignation des organisateurs.
Une accusation d’antisémitisme qui fait grand bruit
Julia Layani, podcasteuse et entrepreneure de confession juive, affirme avoir été victime d’antisémitisme de la part de douze autres membres du jury du festival « Chéries-Chéris ». Selon son récit, ces derniers auraient tenté de l’exclure en raison de ses origines et convictions, la qualifiant de « sioniste d’extrême droite ».
La jeune femme rapporte également qu’on lui aurait interdit de prendre la parole lors de la cérémonie de clôture pour évoquer le sort des otages israéliens détenus par le Hamas. Un refus qu’elle juge discriminatoire et révélateur d’un antisémitisme latent.
La région Île-de-France réagit
Face à ces accusations, la région Île-de-France, qui subventionnait jusqu’alors le festival, a rapidement réagi. La vice-présidente Florence Mosalini-Portelli a annoncé la suspension immédiate de cette aide financière, qualifiant la situation de « révoltante » et « honteuse ».
La politique de Valérie Pécresse est et restera intransigeante dans sa lutte contre l’antisémitisme.
Florence Mosalini-Portelli, vice-présidente de la région Île-de-France
L’organisation du festival se défend
De son côté, l’organisation du festival « Chéries-Chéris » a exprimé son « indignation la plus totale » face à ces accusations. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, elle assure condamner « avec la plus grande fermeté toute forme d’antisémitisme, de racisme, d’islamophobie et d’exclusion ».
Les organisateurs rappellent que le festival se veut un lieu de promotion de la diversité, de la tolérance et du respect mutuel. Ils soulignent que les membres du jury disposent d’une totale liberté d’expression, mais que celle-ci doit s’exercer dans un cadre cinématographique et non politique.
Julia Layani maintient ses propos
Malgré les dénégations des organisateurs, Julia Layani maintient sa version des faits. Lors de son discours improvisé pendant la cérémonie de clôture, la jeune femme a tenu à mentionner les otages israéliens à Gaza, provoquant des réactions mitigées dans le public.
Je suis censurée, silenciée, exclue, excommuniée. Je suis victime d’antisémitisme.
Julia Layani, membre du jury
Une affaire qui divise
Cette polémique met en lumière les tensions qui peuvent exister au sein même de la communauté LGBT+. Si la lutte contre les discriminations est un combat commun, les sensibilités politiques et religieuses restent source de divergences.
Pour certains observateurs, les accusations de Julia Layani témoignent d’un antisémitisme rampant qui s’exprime sous couvert de militantisme. D’autres y voient une instrumentalisation politique visant à museler toute critique d’Israël.
Un festival fragilisé
Au-delà des débats idéologiques, c’est l’avenir même du festival « Chéries-Chéris » qui semble compromis. Privé d’une partie de ses financements, l’événement risque de devoir revoir ses ambitions à la baisse pour les prochaines éditions.
Les organisateurs espèrent toutefois que cette affaire ne ternira pas durablement l’image d’un festival qui se veut rassembleur et ouvert à toutes les sensibilités. Ils appellent à un dialogue apaisé et constructif pour dépasser les clivages.
Un signal fort contre l’antisémitisme
Au-delà du cas particulier de ce festival, la décision de la région Île-de-France d’en suspendre le financement envoie un signal fort. Les pouvoirs publics semblent déterminés à combattre l’antisémitisme sous toutes ses formes, y compris dans des milieux progressistes où il est parfois minimisé.
Cette fermeté est saluée par de nombreuses organisations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Elles y voient une reconnaissance de la spécificité de la haine anti-juive et de la nécessité d’y apporter une réponse sans ambiguïté.
Quelles leçons en tirer ?
L’affaire du festival « Chéries-Chéris » illustre la complexité des enjeux auxquels sont confrontées les communautés LGBT+. Entre lutte contre les discriminations, liberté d’expression et respect des sensibilités de chacun, l’équilibre est parfois difficile à trouver.
Elle rappelle également que l’antisémitisme peut s’immiscer dans tous les milieux, y compris ceux qui se revendiquent de la tolérance et de l’ouverture. Un constat qui appelle à une vigilance de tous les instants et à un travail de fond pour déconstruire les préjugés.
Enfin, cette polémique souligne l’importance d’un dialogue sincère et respectueux au sein des mouvements militants. Seule une écoute mutuelle et une volonté de se comprendre permettront de dépasser les clivages et de faire front commun contre toutes les formes de haine et d’exclusion.