Un procès hors normes s’ouvre ce mardi à Paris. Sur le banc des accusés, un homme de 59 ans, ex-graphiste renommé ayant travaillé pour les plus grands studios d’animation comme Pixar et Disney. Mais derrière la façade respectable se cache un tout autre personnage. Bouhalem B. est en effet jugé pour complicité de viols et d’agressions sexuelles sur mineures, pour avoir commandité et visionné en direct les sévices infligés à de jeunes philippines.
Un graphiste de renom accusé d’actes pédophiles
Bouhalem B., 59 ans, a longtemps été un graphiste reconnu au sein des plus importants studios d’animation. À son actif, des participations à des films à succès destinés au jeune public comme Les Indestructibles en 2004 et Ratatouille en 2007. Mais l’homme est aujourd’hui très loin des paillettes d’Hollywood. Il comparaît depuis ce mardi devant la cour d’assises de Paris pour une longue liste de chefs d’accusation liés à des faits de pédophilie.
Il est reproché à l’ancien graphiste d’avoir, entre 2012 et 2021, payé des femmes philippines pour qu’elles violent et agressent sexuellement de très jeunes filles, âgées pour la plupart entre 5 et 10 ans. Le tout en direct via webcam, l’accusé assistant ainsi à distance aux scènes et donnant ses instructions. Une pratique relevant du “live streaming” pédophile, fléau qui touche particulièrement les Philippines.
Un signalement d’Europol à l’origine de l’affaire
C’est un signalement effectué par Europol en 2019 qui a permis de remonter jusqu’à Bouhalem B. L’agence européenne avait en effet repéré des mouvements de fonds suspects depuis le compte de l’accusé vers les Philippines. De quoi éveiller les soupçons des enquêteurs dans le cadre de la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants à distance, commanditée par des ressortissants occidentaux.
En octobre 2021, Bouhalem B., qui résidait alors aux États-Unis, est arrêté à l’aéroport de San Francisco alors qu’il s’apprêtait à se rendre en France. Placé en garde à vue, il passe rapidement aux aveux, reconnaissant être un consommateur régulier de shows pédopornographiques en ligne, pour lesquels il déboursait entre 50 et 100 euros par connexion.
Un mode opératoire sordide
Face aux enquêteurs, l’homme a détaillé son mode opératoire. Tout commençait sur des sites légaux de shows pour adultes, où il rentrait en contact avec des femmes philippines. Puis les discussions migraient sur des messageries privées comme Skype ou WhatsApp. C’est là que l’accusé formulait ses demandes, exigeant que les fillettes, dont des enfants de 2-3 ans, subissent des viols et actes de barbarie sexuelle.
Si certaines femmes refusaient, s’indignant de l’illégalité des pratiques, d’autres acceptaient contre rémunération. Au total, Bouhalem B. aurait dépensé plus de 50 000 euros en une décennie pour assouvir ses pulsions pédocriminelles, assistant en direct aux viols et sévices, tout en se masturbant et en donnant des directives.
Un accusé au lourd passé judiciaire
Les investigations ont par ailleurs révélé que le quinquagénaire était déjà connu de la justice. En 2009, il avait été condamné pour agression sexuelle sur sa belle-fille et était depuis inscrit au fichier des délinquants sexuels. Un passé trouble qui vient alourdir son dossier déjà accablant.
Son procès, prévu sur trois jours, sera l’occasion de plonger dans les méandres d’un esprit pervers et de questionner la responsabilité des commanditaires dans le fléau du “live-streaming” pédocriminel. Une affaire sordide qui devrait lever le voile sur un phénomène trop longtemps resté dans l’ombre.